lundi 30 novembre 2009

Les fils de la Terre et du Ciel étoilé

"Je suis le fils de la Terre et du Ciel étoilé..."

Voici comment les orphistes, lorsqu'ils avaient trépassé et rejoins l'autre rive du Styx, se présentaient au gardien de la source de mémoire. Mais qui sont les fils de la Terre, Gaïa, et du Ciel étoilé, Ouranos? Ne sont-ce pas, chez les poètes comme Hésiode, cette première génération de dieux, les Titans, du règne de l'Age d'or?

Si, les Titans et les hommes sont bien ensemble fils de la Terre et du Ciel étoilé. Mais voici ce que raconte le mythe orphique...

Zeus, ayant vaincu Cronos, le maître des Titans et des hommes de l'Age d'or, instaura un nouveau monde et, absorbant le cosmos, il devint le monde, le recréa de lui-même et assura son emprise sur lui. Se métamorphosant en serpent, le Sabazios, un dracôn, il s'unit à Rhéa-Cybèle-Déméter, la mère, celle qui règne sur les montagnes et les terres cultivées, il engendra Perséphone, la future reine de l'Au-delà. Zeus Sabazios s'unit ensuite à elle, sa propre fille... quelle image sensuelle que le serpent aux écailles cuivrées, image même de l'eau souterraine dont le pouvoir jaïssant est celui de la vie, s'enroulant autour du corps de la déesse charmée...

Naquit l'héritier de Zeus, le jeune enfant-dieu Dionysos Zagreus, taureau divin, incarnation de la puissance vitale, fils des déesses de la terre et du dieu du ciel. L'enfant fut éduqué par Apollon, le Soleil. Le sceptre de Zeus lui était promis, sceptre qui était venu à Zeus depuis le Premier être originel (l'Eros-Pan-Protogonos) après être passé dans les mains de la Nuit prophétesse, d'Ouranos le Ciel étoilé, puis de Cronos. Mais les Titans ne l'entendaient pas ainsi...

Ils enlevèrent l'enfant-dieu, le charmant avec des jouets, le sacrifièrent, le démembrèrent pour mettre sa chair à bouillir, dans une parodie de sacrifice, noir et maléfique. Athéna, la sage fille de Zeus, sauva le coeur de l'enfant. Le roi des dieux foudroya l'assemblée des Titans, les réduisit en cendres fumantes, maudites. Le coeur fut plus tard donné à manger à Sémélé, de la race des héros, qui engendrera Dionysos, le deux fois né, fondateur des mystères...

Les hommes furent créés à partir des cendres des Titans. Sans doute par Prométhée, lui-même titan. Ainsi les hommes sont-ils les derniers des Titans, dotés d'une nature divine, une double nature : en eux coule la puissance de vie, dans leur sang est le pouvoir de Dionysos Zagreus, l'héritier de Zeus... mais aussi une vie maudite, celle des Titans sacrilèges, une malédiction que seuls les mystères de Dionysos permettent de purifier, pour que dans l'Au-delà le gardien reconnaisse l'homme comme fils de la Terre et du Ciel étoilé...

Aujourd'hui les derniers des Titans sont toujours prisonniers de la malédiction. Ils démembrent la puissance même de la vie, la dévorent, sans respect des équilibres sacrés établis par les dieux - la nature. Le feu du Soleil, volé dans les entrailles de la Terre par Prométhée, autre faute aux yeux de Zeus, est une de ces malédictions qui leur donne le sentiment de leur pouvoir, pouvoir corrompu... Pensez au pétrole, poche de feu solaire prise dans le ventre de la terre, et dont l'usage déséquilibré aujourd'hui nous place devant notre responsabilité...

Se pourrait-il qu'un jour les hommes reprennent ces antiques messages, les réactualisent pour les lire au regards des caractéristiques de leur temps, et comprennent le sens du serpent divin et du fruit de son union avec les déesses de la terre, Dionysos, puissance de vie, sauvage et libératrice à la fois?

jeudi 19 novembre 2009

Intern or extern policy?

La politique étrangère britannique vue par William Gladstone, secrétaire libéral du Foreign office de sa Majesté en 1879 :

"La première chose est d'oeuvrer au renforcement de l'Empire en établissant chez nous des lois justes et une économie saine...
... que notre politique étrangère vise à maintenir la paix parmi... les nations chrétiennes du monde...
... s'efforcer de cultiver, de maintenir, oui, ... ce que l'on appelle le Concert de l'Europe. ... agir en commun est fatal aux égoïsmes. Agir en commun veut dire avoir des objectifs en commun; et les seuls objectifs autour desquels vous pouvez rassembler les Puissances européennes sont ceux qui concernent le bien de tous.
... reconnaître l'égalité des droits des nations entre elles. ... en donnant aux peuples des autres nations des raisons de ne plus avoir de respect et d'estime pour votre pays, vous lui portez en réalité un coup sévère.
... la politique étrangère de l'Angleterre devrait toujours être inspirée par l'amour de la liberté."
Discours à West Calder, 11 novembre 1879.

Quelques temps plus tôt, le radical John Bright déplorait au contraire l'importance de la politique étrangère comparée à la politique sociale, bien faible, de son pays...

" ... cette politique étrangère, cet intérêt pour "les libertés de l'Europe", ... cet amour excessif de "l'équilibre des pouvoirs" n'est ni plus ni moins qu'un vaste système d'assistance à domicile pour l'aristocratie britannique.
...
Je crois qu'il n'y a pas de grandeur permanente pour une nation si elle n'est pas fondée sur la moralité. Je me soucie peu de la grandeur des armes ou de leur réputation. Je me soucie de la condition des gens parmi lesquels je vis. ... les couronnes, les tiares, les mitres, les parades militaires, les pompes de la guerre, les nombreuses colonies, et un immense empire, pèsent selon moi encore moins que l'air et ne valent pas qu'on leur accorde de l'attention, à moins qu'ils ne s'accompagnent d'une proportion équitable de confort, de satisfaction et de bonheur dans le peuple."
Discours prononcé par John Bright le 29 octobre 1858 à l'hôtel de ville de Birmingham.

And now, compare...

jeudi 5 novembre 2009