lundi 27 octobre 2008

The Deathly Hallows

Ah! Samhain!




Ah, le doux parfum de potiron, flottant dans une brume d'automne!




L'or délicat des chrysanthèmes, qui pare la pierre triste des cimetières.




Le sourire édenté de ces bons vieux Jack, qui invitent à retrouver l'enfance, l'innocence, le goût sucré des bonbons, dont ces mêmes Jack o'Lantern ont visiblement abusé...




Samhain, la porte des temps, le passage entre les mondes, entre les ans, entre les âges. Une nuit qui annule tout, qui remet à plat les compteurs, la mort, la vie, l'été, l'hiver...




Passage vers une nouvelle année, jalonnée de fêtes et de lumières enflammées. Passage en magie, sous la bonne garde d'Hécate et d'Hermès psychopompe, les passeurs d'âmes, les penseurs de secrets. Passage en folie, les vivants se grimant en morts et les morts en vivants, allant et revenants, flirtant entre les tombes comme dans le temps jadis, quand un cimetière était lieu de vie et de festoiement.




Chemin faisant, on surprendrait un reflet d'histoire, une empreinte de mémoire, que dis-je un fantôme, comme une trace de doigt mal effacée sur la vitre du réel. Le tissu qui sépare les mondes s'affine, la confrérie des trépassés s'assemble à la conventerie des descendants, car tous les gens d'ici descendent de quelque chose (et pas seulement de l'arbre). Accepter la mort doit être une manière d'accepter la vie. C'est s'initier à la magie de Samhain, à l'autre-monde, l'autre-soi.




Le masque est tromperie, illusion, métamorphose, il nous donne à être cet "autre" que l'on ne connaîtra jamais. Et se connaître soi-même pas la révolution des sens, des consciences et inconsciences. Mesnie hesnequin, fantasmagorie, revival bacchanal, tout est dans le passage, dans l'initiation. Le mystère à l'antique. Là où vie et mort se confondent. Là où les dieux que l'on ne nomme pas (Hadès et Perséphone, chez les uns, Cerrydwen, Samhain, Dagda, chez d'autres, Osiris, Ereshkigal, et toute la troupe des "héros", les morts divinisés), ces dieux là qui hantent notre vie comme un point hante une phrase, viennent à se dédoubler. Nous dédoubler. Nous et l'autre, entre lesquels il faut passer pour se rejoindre soi-même.




Interprétation faite, d'une fête sans prétention. Aujourd'hui, Samhain est étouffée, ignorée, accusée là de capitalisme du glucose, là de satanisme à la bave de crapaud. Mais quelques initiés, de tête, de coeur ou de pieds, iront danser entre les mondes. Ils iront sentir le frisson de l'invisible, ils iront rejoindre en pensée ceux qu'ils aiment et ceux qu'ils ont aimés. Ils ne s'imposeront pas seulement, ou nécessairement, de pompeux cérémonial sur une pierre autrement délaissée, mais plongeront dans leur mémoire, leur pensine, où sont gardées les vies des morts.



Et dans l'oeil satyrique du Jack citrouillique, brillera une lueur malicieuse... l'ironie du sort...

Fantôme-asse...

A l'approche d'Halloween, on est certes un petit peu plus sensibles aux draps flottants et aux craquelis-cliquettis étranges enregistrés par hasard sur la bande son d'un film de touristes tourné par une nuit sans lune dans une maison abandonnée suite à un meurtre abominable du fin fond de la Californie avec temps de brume. Une gousse d'ail pendue au cou. On sent, outre le parfum inimitable de l'ail, le frisson de l'inconnu qui vous galope le long de l'échine tel une araignée fantomatique à 9 pattes surfant sur un glaçon (Tchernobyle oblige...). On scrute le négatif d'une photo, et on voit un crâne à la fenêtre.
Fenêtre qui prend d'un coup l'allure d'une porte sur "l'Autre". Autre qui, du reste, stationne en marge du dictionnaire dans la catégorie de l'indéfinissable. On a beau multiplier les preuves de fantômes et les échantillons d'éctoplasme prélevé à la louche sur des croix de cimetières depuis deux siècles, taper sur les murs pour tenter un dialogue de sourd avec le poltergeist du dessus, s'échanger des extraits de Psautier et des analyses freudiennes de l'inconscient qui se connaît pas... On ne sait toujours pas ce que "l'Autre monde" fabrique dans le nôtre.
Cette rubrique n'a pas pour ambition de donner sa version des faits, l'auteur n'étant pas calé sur la question. Même si ça lui démange les phalanges. Il s'agit juste de faire la promo du blog d'une amie, qui s'intéresse depuis aussi longtemps qu'il la connaisse, à l'étrange habitude de certains phénomènes à être "paranormaux". Et aussi à la présence inopinée de certains négatifs sur la pellicule du réel.
Il semble qu'un rhume l'ayant clouée dans un ennui mortel (hihihi), elle ait décidé de tisser son blog, et elle commence par des captures internet de vidéos étraaaaaaanges. L'avantage est qu'avec ma grande soeur, on peut sans complexe parler de la mort et voir la vie en rose.

http://pinkartistdu28.skyrock.com/

PS : on ne regarde pas sous les draps des fantômes! C'est pas poli! Et d'abord, on sait toujours pas si le fantôme écossais porte un slip sous son drap!
... boulet...

samedi 25 octobre 2008

What kind of pagan are you?



You Scored as Greek Pantheonic Pagan



One of the best well-known pantheons around is Greek, due to the popularity of the Greek myths. Pagans who fall into this catagory tend to follow the Mother and Father images of Zues and Hera, but it's not at all uncommon for their patron deities to be other Greek Gods or Heroes, such as Ares, Hades, Persephone, Apollo, Artemis, or Dionysis. Lusty and dramatic, the Greek Gods call to those who like epic tales and wild romance. You either already are a Greek Pantheon follower, or else you look to them often for insight.


Greek Pantheonic Pagan
80%
Celtic Pantheonic Pagan
75%
Roman Pantheonic Pagan
75%
Shamanic Pagan
75%
Ecclectic Pagan
75%
Zoroastrian Pagan
65%
Egyptian Pantheonic Pagan
55%
Kabbalistic Pagan
55%
Catholic (Pagan?)
50%
Sumerian, Babylonian, and Mesopotamian Pagans
40%
Eastern Pagan
30%
Norse Pantheonic Pagan (Asatru)
20%


Bon ben, si vous l'dites!

See here, for yourself : http://quizfarm.com/quizzes/new/whitewolfjmi/what-kind-of-pagan-are-you/

jeudi 23 octobre 2008

Choux chêne

Syndrome d'effondrement des colonies...


... Trois mots détestables, remarquez bien.

Syndrôme..........maladie.

Effondrement................................crise.

Colonies.........................................................abeilles.



Oui, c'est la crise aussi chez les abeilles. Les reines du monde entier commencent à subir le krach. Non que le pollen se raréfie, quoique le changement climatique ait sans doute des effets à venir là-dessus. Non que le cours du miel ait chuté, çà serait plutôt l'inverse. Mais les reines peinent à avoir de la main-d'oeuvre. Les ouvrières subissent en fait une hausse de la mortalité gravissime.


Il faut faire quelque chose!


Les abeilles souffrent de plusieurs facteurs... Non, ce n'est pas le monsieur en jaune et bleu qui leur fait concurrence, vous n'y êtes pas, là. Quoique certains de ces butineurs aient quelque chose d'effrayant, mi guêpe mi libellule, ils sont partout, transportent plein de colis (jusqu'à dix fois leur poids, plus fort qu'une fourmi!) et personne n'a encore trouvé la reine... Mais ceux-là n'empiètent pas sur le commerce du miel et de la gelée royale, ils ont déjà assez de bazar dans leur ruche.


Non la petite ouvrière en tenue de taulard, l'esclave fragile qui joue les entremetteuses pour pistils et étamines célibataires, la nymphette au nom de dieu, Apis, de la famille des apidées, j'ai nommé : l'abeille... cette bébète-là que tout pique-niqueur estival respecte, bien entendu, est la victime d'un serial-killer, le Vespa Velutina, et des pesticides, ennemi invisible mais néanmoins ravageur.

C'est la crise. Et, outre le licenciement des abeilles dû à la fermeture de quelques ruches, elle risque d'avoir un impact mondial.


Il faut faire quelque chose!!


Afin d'éviter l'impact sur notre économie (ben, voui, zavez vu le prix d'un pot de miel?), sur notre santé (rien de tel qu'un peu de gelée royale pour doper son homme!), et sur notre culture...

... païenne. Car les abeilles, c'est le miel. Le miel, c'est l'hydromel. Et l'hydromel c'est le nectar des dieux. C'est déjà assez difficile de se procurer une bouteille d'hydromel à pas cher. Mais si il n'y a plus d'abeille, on peut dire carrément adieu à l'ancêtre de tous les alcools.

Imaginez, un rituel de Litha, fête de la Lune de Miel. L'abeille et son miel forment depuis la nuit des temps l'image de la prospérité, en Egypte comme en Mésopotamie ou en Grèce. C'est le miel qui coule de la terre promise, c'est le miel que la nymphe Mélissa donne au petit Zeus pour qu'il deviennent un dieu grand et fort. C'est l'hydromel qui ennivre les guerriers victorieux dans le Walhalla et qui inspire les poètes bardes et skaldes dans leur froides contrées... Bref, imaginez un rituel nommé lune de miel, avec un after à ... au sirop de fraise, tiens. Ou au Perrier. Enfin, quoi, c'est la mort d'une culture...


Donc, sauvons les abeilles.


Voilà.


Il est tôt, j'hésite déjà à me recoucher pour ne me relever que demain matin alors s'cusez moi si je coupe court à cet exposé déjà un peu tiré par les cheveux. Je vous met un petit lien, pour info, pour montrer aussi que je ne dis pas que des fadaises.



Arf... en plus il faut que j'aille à la poste...

samedi 11 octobre 2008

World's First Temple


Autre actualité...


On a beaucoup parlé ces derniers temps des nouvelles données sur Stonehenge. Nouvelle interprétation du lieu, celle d'un sanctuaire guérisseur. Cette interprétation me satisfait plus, je dois dire, même si à la comparaison avec Lourdes je préfèrerais une comparaison à Epidaure, mais bon... Le comparatisme, moi, c'que j'en dis...


Non, sinon, voici un nouveau "stonehenge", qui précède de près de 7000 ans le plus connu des cercles de pierres : Göbekli Tepe.

En fait c'est désormais le plus ancien lieu de culte connu. Et il est... en Turquie!


Des stèles de pierres dressées, ocres, portant en reliefs des bébètes affreuses (lions, taureaux, scorpions, serpents, renards, sangliers...) témoignent ici d'un passage du nomadisme à la sédentatisation, avec les bouleversements que celà implique dans la religiosité, dans l'organisation sociale d'un culte, etc...


Découverte dûe à des archéologues allemands... Le lien :http://www.archaeology.org/0811/abstracts/turkey.html


Merci à Morgana de la PFI pour cette information.

vendredi 10 octobre 2008

Regards sur...

L'actualité.

Ouais.
Bon.
Ca craint un peu dites sur cette planète?
Economie : Ce vendredi, krach boursier. On a atteint le niveau de la "définition informelle" d'un krach, autrement dit la situation dont cauchemarde un trader, le Voldemort de l'économie. Vilain krach qui risque de s'étendre à toute l'économie, c'est-à-dire qu'il va y avoir rapidement tâche d'huile (huile dont le prix chute grave, maintenant!), et que la vie de tous les jours va en être douloureusement affectée (pas de prêts des banques aux entreprises, faillites à répétitions, chômage, faim, révoltes, guerres, dictateurs...). Quelqu'un m'a dit il n'y a pas très longtemps que la situation n'était pas la même qu'en 1929, que l'on ne risquait pas la même chose. Certes. Mais cette même personne m'a déjà expliqué que l'histoire ne sert à rien.
...
Je déteste les alarmistes, les gens qui ont peur et ceux qui leur font peur. Je dis tout celà avec légèreté et exagération. Le Krach boursier présente un risque pour l'avenir de notre bonne vieille humanité mais il y a d'autres risques qu'il ne faut pas, absolument pas entretenir :
1) Avoir peur, spéculer, voter le premier couillon qui présente une solution, et se construire un abri anti-atomique au sous-sol...
2) Se voiler la face, faire comme si de rien n'était, jouer sa maison au poker, et écouter les "n'ayez pas peur!" de gouvernements et d'institutions religieuses dépassés par les événements...
Deux solutions générales :
1) Se resservir une pinte de bière et acheter assez de glucose en gélatine pour survivre à halloween, tout en gardant à l'esprit qu'on est tous dans la même merde, depuis le petit orphelin soudanais unijambiste jusqu'au grand maître de la finance américain dont le Chardonnay vient de prendre un goût amer... Le partage est une vertue interreligieuse, internationale et interminable. On se sert les coudes autour de la table. Avant qu'il ne soit trop tard, nom de D...!
2) On se penche sérieusement sur les problèmes du monde actuel (pfiuuu! déroulez pas tout le parchemin d'un coup on va marcher dessus!!) et on y réfléchit en appliquant le principe développé ci-dessus succintement. Ne laissons pas les énénements nous dépasser, ne faisons pas comme si tout pouvait s'arranger en trois coups de baguette magique. Il y a des problèmes, et chacun doit se demander ce qu'il doit faire pour métamorphoser le panier de crabes en corbeille à fruits.


Egoisme et négationisme - 0 - 1 - Partage et réflexion
Politique : La Turquie et la Grèce sont en train de s'entendre sur la question de l'île de Chypre.
Ben voilàààà!

lundi 6 octobre 2008

Poésie païenne




Chant Païen



Dans le palais de marbre du rêve fascinant,

Où brûlent des candélabres sertis d’étoiles, qui déversent une pluie de lumière,

Je suis, cette nuit, un

Monarque vivant dans les fastes de l’Orient,

Je possède un trône, des trésors et des femmes blanches à la chevelure abondante.

Allongé sur mon divan, couvert de peaux de léopards,

Ma tête appuyée sur mon poignet, et grisé de volupté,

Je contemple une Circassienne au beau corps vigoureux

Qui se trémousse en dansant devant moi, sur le tapis garni de perles.

De son corps et de sa chevelure parfumé, se dégage flots par flots,

Une mer de volupté, où je nage avec joie.

Je porte mes superbes tuniques éclatantes de blancheur,

Tissés avec les larmes, aux éclats de rubis, de milliers d’étoiles,

J’ai roulé autour de ma tête mon diadême à la blancheur de neige

Aussi lourd que ma gloire, aussi plissé que les recoins de mon génie.

Et de ma main , chargée de bagues serties de diamants,

J’égrène mon chapelet d’ambre scintantillant.

Mes sandales brodées d’or, ainsi que mon mouchoir de soie,

Sont tombés à l’anbandon sur le tapis couleur de safran.

Et l’on a posé auprès de moi la grosse coupe

Remplie de vin rutilant et mousseux,

Qui pétille devant mes yeux comme du sang frais.

Mes yeux avides de couleurs et de beautés charnelles,

Sont en extase, comme les prunelles d’un prophète récitant sa prière,

Et se trouvent profondément plongés dans le tourbillon soulevé

Par cette Circassienne, aux yeux foncés et au corps ambré,

Qui devant moi danse, danse sans cesse…


Le rythme de ses mouvements se ralentit parfois ; alors son corps

Ressemble à un roseau agité qui fait pleuvoir des arômes, des écumes et des mélodies ;

D’autres fois, elle imprime un élan si puissant à ses pieds,

Qu’elle se transforme en une flamme flottante attisée par le vent.

Oh ! elle est la magicienne accomplie des formes et des replis de la chair,

Elle possède le secret de faire couler abondamment à travers ses regards et son corps,

Tous les charmes et les délices voluptueuses de la femme

Qui écument devant mes yeux, tels les flots fougueux des mers,

Et elle danse, elle danse, elle danse en tourbillonnant …

Sur son front perlent des gouttes de sueur,

Et sa belle stature de fée, cachée sous sa chevelure,

Présente les attraits troublants du saule pleureur qui se réfléchit à la surface du lac.

En se courbant tantôt en arrière tantôt en avant,

De roseau flexible elle se mue en peuplier farouche,

Et parfois d’un bond animé de secousses, elle semble briser soudainément son tronc superbe,

Comme du cristal, en éclats de poussière ;

Puis, par un rajustement, à peine esquissé de ce corps en pièces,

Elle crée, dans un mouvement improvisé, une nouvelle figure pleine d’harmonie.

Les chaussons couverts de perles, qui moulent ses pieds,

Touchent à peine, semble-t-il, les dessins du tapis ;

Et la nature perticuière de l’élan de son corps qui tournoie, fait naître un vent si puissant,

Que parfois il éteint, parfois il attise

Les éclats bleutés de ses boucles d’oreilles,

Et les rayonnements joyeux de ses colliers ...


Elle danse, danse, furieusement danse,

Sans cesse soumise à ma volonté libertine, qui la guide ;

Elle jette impétueusement son voile fin par dessus sa tête,

Et expose la nudité de ses seins et son cou de cygne,

Ainsi que son ventre béni, que marque le nombril sombre.

Ses cuisses potelées surgissent ainsi que les autres parties secrètes de son corps.

Enfin, tous les mystères ineffables de la chair et des formes

Qu’en un effort suprême l’esprit du Créateur a pu engendrer.

Lorsqu’elle aperçoit, de ses propres yeux, sa nudité cristalline,

Elle rougit d’avoir abusivement déployé tous ses charmes,

Alors elle imprime une secousse à sa chevelure orageuse,

Le vent soulevé se précipite pour éteindre les lumières tremblotantes,

Aux éclats diamantins, de ce palais de marbre,

Ainsi que celles des flambeaux de résine du plafonnier.

O nudité sublime ! nymphe pudibonde,

Perdue comme un mystère au sein de l’obscurité …


Alors, je sursaute brûlé de désir,

En laissant tombé sous mes pieds, mon diadème aux éclats de neige.

Tâtonnant dans l’obscurité, je découvre la Circassienne,

Guidé par le souffle palpitant et sublime de sa poitrine.

Puis, saisissant son poignet couvert de sueur,

Je l’étends sur mon divan garni de peaux de léopard.

O ce corps aimanté et tendre, pétri de lumière,

Qui écume comme du lait et du sang dans mes bras !

O cette chevelure houleuse, au sein de laquelle je nage,

En courant sans cesse le danger de me noyer dans sa masse !

O cette chaleur ardente, qui se dégage de ses bras nacrés et voluptueux,

Avec lesquels elle enlace puissamment mon cou comme un serpent !

Enfin, nos corps se confondent dans l’élan d’un baiser ardent …

Lorsque j’aurai eu ses lèvres vermeilles dans ma bouche,

Lorsque j’aurai vidé lentement, pendant des heures, le contenu de ses veines,

Oh ! c’est alors seulement qu’il me semblera avoir goûté entièrement

Aux délices de l’ère païenne,

Aux piments des Indes et à tous les encens de l’Arabie.

Taniel Varoujan (1884-1915)


Traduction Dr B. Missakian


Poète païen, martyr arménien, fondateur d'un cercle d'intellectuels, Mehian... et ma foi, des textes qui ne manquent pas de corps! Comme le bon vin, à la robe de feu...


Phrygiaca


Voici quelques notions sur la Phrygie et ce qu'est un phrygien. Il arrivera sans doute que j'y fasse référence lorsque je divaguerai sur l'histoire des religions. Et pour cause! Un an s'ouvre que je consacrerai à étudier les religions de cette région.

[OK, la carte est nulle vue comme ça, mais faites pas ch... le monde, c'est pas facile de trouver une carte de la Phrygie potable quand on n'a dormi que trois heures dans la nuit et qu'on voulait surtout mettre une image de stèle ou de divinité et qu'on a pas trouvé, voilà!... J'éditerai plus tard]


La Phrygie est une vaste région au milieu de l'Anatolie. C'est une terre de contrastes, dans tous les domaines. La géographie alterne plaines fertiles et montagnes rudes, cités hellénisées, puis romanisées, et campagnes où de vieilles traditions ont longtemps subsisté, hivers rigoureux et étés torrides... les peuples les plus variés s'y sont rencontrés : hittites, phrygiens, perses, galates
(des celtes, dont des cousins de nos Tolosates de Toulouse!), grecs, romains, mais aussi des juifs, installés là par des rois grecs... C'est tout de même une région centrale, où passaient de grands axes de communication entre nord et sud, est et ouest. Rien d'étonnant à ce que le contraste s'étende à la sphère religieuse.




La Phrygie est la patrie de divinités célèbres, comme Cybèle et Attis, certaines portant les traces de très vieux fonds religieux, comme Sabazios, sorte de dieu de l'Orage anatolien comme le Teshub des Hittites. Cybèle est l'archétype de la Grande Déesse Mère, la Mère des Dieux (Mètèr tôn Théôn, en grec), vénérée plus tard dans tout l'Empire romain. Attis est un dieu mort et ressucité, dont on fêtait (à Rome en tous cas) la mort et la résurrection à l'équinoxe de printemps, comme plus tard la religion chrétienne fêtera Pâques. Si il y a une relation à faire, je vous laisse vous en charger...


Autre dieu local très important mais peu connu aujourd'hui : Mên. C'est le dieu-lune (oui, la lune est masculine parfois!), dont le nom a donné en grec celui du mois... Et on le retrouve sans doute dans le français, mais après tout, nous sommes indo-européens et les Phrygiens l'étaient aussi!




Les Perses ont installé quelques cultes dans le secteur, comme celui d'Anaitis, une autre déesse-mère, assimilée à Artémis en grec. Oui, parce que les grecs sont venus par là après Alex le Grand, et ont laissé leur marque. Les dieux phrygiens partaient s'installer dans leur panthéon (j'ai eu l'occasion d'étudier le cas de Sabazios) et en même temps, en Phrygie, ils prenaient une forme grecque, sans pour autant se détacher de leurs racines locales. On trouve ainsi une foule de Zeus, par exemple.




Les colons juifs installés en Phrygie depuis Antiochos III, ont aussi laissé une foule de trace de leur culte. On connaît leur goût un peu particulier pour le culte des anges. Or, les païens phrygiens vouaient aussi un culte aux angeloi, à l'époque romaine. Il s'agit sans doute de ces deux divinités (ou une, parfois) qu'ils appellent Hosios et Dikaios (le Saint et le Juste), représentés portant l'un une épée et l'autre une balance. Pendant l'époque impérial, la tendance d'un monothéisme se dessine dans le paganisme, autour du Théos Hypsistos, le Dieu "Très-Haut". Certains historiens veulent y voir l'influence du judaïsme, mais je ne suis pas convaincu (puisqu'on me demande mon avis maintenant, gniark). Et je ne suis pas le seul... comme quoi, il y du débat dans le domaine! Mais pas encore jusqu'au sang, enfin, bon...




Autre caractéristique de la Phrygie. Sa christianisation. Elle a eu lieu assez tôt, avec ce cher Paul de Tarse auquel Benoît XVI s'est comparé à Paris... Mais surtout, la Phrygie a donné naissance à une hérésie célèbre du christianisme. Elle a été fondée au IIème siècle par un ancien prêtre de Cybèle et se démarque par son caractère prophétique, voire extatique, où des femmes sont mises en avant. Comparé aux cultes de la Mère des Dieux et de Dionysos, on en fait facilement un christianisme puisé à la source directe du paganisme. Là aussi je dis halte! prouvez-moi d'abord que les culte extatiques de la Mère et de Dionysos étaient si présents en Phrygie, parce qu'ils se font discrets ici, alors qu'ils se sont répandus partout ailleurs!




En fait, il y a beaucoup d'idées reçues, chez les historiens, et mes recherches ont à voir avec ça.




Petite précision... Moi, pauvre et malheureux étudiant en master 2, j'étudie précisément les pratiques religieux en Phrygie. Donc, en fait, je dépouille toutes les inscriptions qu'on a trouvées là-bas, ex-votos, stèles de "confessions" et autres joyeuseries sur pierre, pour essayer de tirer les choses au clair. Comment les Phrygiens de la campagne profonde d'Anatolie antique pratiquaient -t-ils leur(s) religion(s). Sachant que dans ce coin-là, comme dans pas mal d'autres en fait, les religions ne sont pas des religions et se mélangent comme des pigments sur la palette d'un pictator...


Mais certains cinglés prennent leur pied dans ce genre de situations...






(Si toi aussi tu es épigraphoreligiopathe, ne t'inquiète pas. C'est incurable)

jeudi 2 octobre 2008

Pterry, ou la défense des orang-outans...

Il existe un monde en forme de disque, soutenu par quatre éléphants en équilibre sur la carapace d'une tortue marine immense, la Grande A'Tuin, battant des nageoires dans le multivers... Un monde qu'on appelle le Disque-Monde. "Monde et miroir des mondes", selon les termes de son créateur lui-même, nous renvoie notre image, d'une façon dont seul un miroir déformant saurait se vanter : il nous fait rire, nous caricature, nous métamorphose en un autre nous grossi et dégrossi. En sommes, tout dans la série des Annales du Disque-Monde est à prendre au second degré, tout est une projection de notre réalité bien à nous, passée à la moulinette de l'humour burlesque d'un Terry Pratchett génialissime.





Quelques mots sur le bonhomme : un journaliste qui a appris sur le tas, un humoriste qui propose de lutter pour les droits des orang-outans, un écrivain de fantasy best-seller adoré par ses compatriotes britanniques juste derrière J. K. Rowling. Bref, un magicien qui a le don de faire rire.





Critique littéraire : nous apprécions particulièrement ses personnages, du mage calamiteux Rincevent à Mustrum Ridculle, archichancelier de l'Université de l'Invisible, de Deux-Fleurs le touriste et son coffre à pattes, jusqu'à la Mort lui-même (la Mort est masculin et se pose beaucoup de questions existentielles... Comme dirait le poète, un crâne à la main : "Etre ou ne pas être, telle est la question!), en passant par un trio de sorcières issues des montagnes du Bélier et des clichés les plus subtils, un régal! Le déchaînement de magie et d'événements divers et (a)variés est épique, une potion détonnante, qui tient en haleine, le souffle coupé et un autre regard sur le monde.






Et je ne vous parle pas du rock'n troll ou des mécomptes de fée, que j'adore...



Petit extrait tiré du dernier lu :

" Mustrum Ridculle, archichancelier de l'Université de l'Invisible, était un autocondimenteur éhonté. A chaque repas, il avait son service à condiments personnel devant lui. Un service qui regroupait du sel, trois sortes de poivre, quatre de moutarde, quatre de vinaigre, quinze de chutney et son péché mignon : la sauce wow-wow, mélange de frottis, de concombres au vinaigre, de câpres, de moutarde, de mangues, de figues, de youplà râpée, d'extraits d'anchois, d'assa-foetida et, très important, de soufre et de salpêtre, histoire de relever le tout. Ridculle avait hérité la formule de son concle qui, un beau soir, après avoir arrosé un repas d'une demi-pinte de sauce, avait pris un biscuit au charbon de bois pour se soulager l'estomac, puis avait allumé sa pipe et disparu dans des circonstances mystérieuses - on avait cependant retrouvé ses chaussures sur le toit l'été suivant.
Il y avait du mouton froid au déjeuner. Le mouton accompagnait bien la sauce wow-wow ; le soir de la mort de Ridculle senior, par exemple, il l'avait accompagnée sur au moins cinq kilomètres.
Mustrum se noua sa serviette autour du cou, se frotta les paumes et tendit la main.
Le service à condiments se déplaça.
Il tendit à nouveau la main. Le service recula en glissant sur la table.
Ridculle soupira.
"D'accord les gars, dit-il. Pas de magie à table, vous connaissez l'règlement. Qui c'est qui joue au con?"
Les autres grands mages le regardèrent fixement.
"Je... je... je crois qu'on ne peut plus y jouer, dit l'économe dont la raison menaçait toujours de dérailler, je... je... je crois qu'on a perdu des pièces..."
Il regarda autour de lui, gloussa et tenta une nouvelle fois de couper son mouton avec une cuiller. Les autres mages évitaient désormais de lui laisser des couteaux à portée de main.
Tout le service à condiments s'éleva en l'air et se mit à tourner lentement sur lui-même. Puis il explosa.
Les mages, dégoulinants de vinaigres et d'épices onéreuses, restèrent figés, l'oeil rond.
"C'était sûrement la sauce, fit le doyen en manière d'explication. Je l'ai trouvée un peu douteuse hier soir."
Quelque chose lui tomba sur la tête avant d'atterrir dans son déjeuner. Une vis de fer, longue de plusieurs centimètres.
Une autre commotionna légèrement l'économe.
Au bout d'une seconde ou deux, une troisième plongea pointe en bas et se ficha dans la table près de la main de l'archichancelier.
Les mages levèrent les yeux.
La Grande Salle était éclairée le soir par un lustre imposant. Le terme de lustre, souvent synonyme de verrerie prismatique scintillante, convenait mal à l'engin démesuré, lourd, noir et encroûté de suif qui pendait au plafond comme l'épée de la Dame aux Clés. On pouvait y allumer mille bougies. Il se trouvait juste au-dessus de la table des mages.
Une autre vis tinta par terre près de la cheminée.
L'archichancelier s'éclaircit la gorge.
"On s'taille?" suggéra-t-il.
Le lustre s'abattit.
Des éclats de table et de vaisselle mitraillèrent les murs. Des boules de suif meurtrières grosses comme des têtes humaines filèrent par les fenêtres en vrombissant. Une bougie entière, propulsée des débris à une vitesse folle, s'enfonça de plusieurs doigts dans une porte.
L'archichancelier se dépêtra des restes de son fauteuil.
"Econome!" brailla-t-il.
On exhuma l'économe de la cheminée.
"Hum, oui, archichancelier? chevrota-t-il.
- C'était quoi, ce truc-là?" "
Pterry, Le faucheur.