lundi 27 octobre 2008

The Deathly Hallows

Ah! Samhain!




Ah, le doux parfum de potiron, flottant dans une brume d'automne!




L'or délicat des chrysanthèmes, qui pare la pierre triste des cimetières.




Le sourire édenté de ces bons vieux Jack, qui invitent à retrouver l'enfance, l'innocence, le goût sucré des bonbons, dont ces mêmes Jack o'Lantern ont visiblement abusé...




Samhain, la porte des temps, le passage entre les mondes, entre les ans, entre les âges. Une nuit qui annule tout, qui remet à plat les compteurs, la mort, la vie, l'été, l'hiver...




Passage vers une nouvelle année, jalonnée de fêtes et de lumières enflammées. Passage en magie, sous la bonne garde d'Hécate et d'Hermès psychopompe, les passeurs d'âmes, les penseurs de secrets. Passage en folie, les vivants se grimant en morts et les morts en vivants, allant et revenants, flirtant entre les tombes comme dans le temps jadis, quand un cimetière était lieu de vie et de festoiement.




Chemin faisant, on surprendrait un reflet d'histoire, une empreinte de mémoire, que dis-je un fantôme, comme une trace de doigt mal effacée sur la vitre du réel. Le tissu qui sépare les mondes s'affine, la confrérie des trépassés s'assemble à la conventerie des descendants, car tous les gens d'ici descendent de quelque chose (et pas seulement de l'arbre). Accepter la mort doit être une manière d'accepter la vie. C'est s'initier à la magie de Samhain, à l'autre-monde, l'autre-soi.




Le masque est tromperie, illusion, métamorphose, il nous donne à être cet "autre" que l'on ne connaîtra jamais. Et se connaître soi-même pas la révolution des sens, des consciences et inconsciences. Mesnie hesnequin, fantasmagorie, revival bacchanal, tout est dans le passage, dans l'initiation. Le mystère à l'antique. Là où vie et mort se confondent. Là où les dieux que l'on ne nomme pas (Hadès et Perséphone, chez les uns, Cerrydwen, Samhain, Dagda, chez d'autres, Osiris, Ereshkigal, et toute la troupe des "héros", les morts divinisés), ces dieux là qui hantent notre vie comme un point hante une phrase, viennent à se dédoubler. Nous dédoubler. Nous et l'autre, entre lesquels il faut passer pour se rejoindre soi-même.




Interprétation faite, d'une fête sans prétention. Aujourd'hui, Samhain est étouffée, ignorée, accusée là de capitalisme du glucose, là de satanisme à la bave de crapaud. Mais quelques initiés, de tête, de coeur ou de pieds, iront danser entre les mondes. Ils iront sentir le frisson de l'invisible, ils iront rejoindre en pensée ceux qu'ils aiment et ceux qu'ils ont aimés. Ils ne s'imposeront pas seulement, ou nécessairement, de pompeux cérémonial sur une pierre autrement délaissée, mais plongeront dans leur mémoire, leur pensine, où sont gardées les vies des morts.



Et dans l'oeil satyrique du Jack citrouillique, brillera une lueur malicieuse... l'ironie du sort...

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