vendredi 23 juillet 2010

1 - 1 = 0 ; 3 000 + 999 999 = 1


Les dieux uniques sont nombreux et divisés. Nos dieux sont légions, mais ils sont forts parce qu'ils sont unis.

Voilà ce que j'ai envie de dire.

Il est évident que le monothéisme est un leurre : il n'y a jamais eu autant de dieux uniques en guerre les uns contre les autres. Jamais autant de Vérités différentes qui se crachent au visage mutuellement, dans un conflit incessant vers l'universalité. Ceux-là ont voulu imposer leur dieu unique, "trois-en-un formule surpuissante"... Ceux-ci sont le peuple élu du dieu créateur de toutes choses, bien sélectif pourtant... Et ceux-là encore, qui ont leur livre révélé aussi, leur dieu unique, leur prophète... Et encore on n'évoque là que des grandes lignes des grands MST actuels (MST : Monothéisme Sérieusement Traditionaliste, ©Kami). C'est sans compter avec Akhénaton et son soleil qui éclipse tous les autres, les Assyriens et leur dieu national conquérant, Nabonide et son dieu lune qui s'est tout à coup piqué de suprématie, les Sassanides et leur mazdéisme tatillon, et j'en passe et des pas mûres. Il y a eu Josué et l'élection divine de son peuple par le "dieu des armées". Puis il y a eu Constantin et son trois-en-un nouvelle formule, Justinien et son intolérance lourde, la cohorte des papes et des Eglises. Mahomet et Allah, pour la grande fortune des guerriers et des marchands arabes, les guerres saintes, les croisades, les hérésies, les chasses aux sorcières et franchement, est-ce qu'il faut continuer l'énumération?

Tout ça pour qu'au final, le monothéisme ce soit juste une belle entourloupe. Il n'y a pas un, mais des dieux uniques. Leur problème? C'est qu'ils sont uniques, justement. Ils sont tous seuls. Les pauvres. On dira bien qu'en fait il s'agit d'un seul et même dieu, et que les différences des hommes n'ont rien à voir là-dedans. Mais cela n'explique pas pourquoi ce dieu s'oppose sans cesse à lui-même, dans un remake de schyzophrénie à la Dr. Jekyll et Mr. Hyde. Pourquoi chacun de ces dieux uniques se prétend Vérité ultime. Admettre la différence entre la représentation (d'origine humaine et toujours sujette à caution) et la puissance en elle-même, c'est un premier pas vers l'intelligence. Mais il y a un hic : quel dieu unique prétendument tout-puissant laisserait ses fils, ses serviteurs, ses fidèles, et autres inculpés du pouvoir divin, se planter aussi lourdement? Ou bien, il n'en a rien à carrer et, comme l'ont pensé certains, avec épicurisme, il est un dieu tellement transcendant qu'il n'intervient pas du tout dans les choses, n'a pas maille à partir avec le monde. Genre, il s'est cassé à créer le monde pendant une semaine et il ne s'est pas réveillé depuis son dimanche de congé. Dans ce cas, théisme ou athéisme, on s'en fout qu'est-ce que ça change?

"Et Dieu vit qu'il avait fait une connerie..."

Précisément : qu'est-ce que ça change? Les dieux, de toute façon, sont des puissances, et leur représentation n'a d'importance que pour les hommes qui cherchent à comprendre et aborder ces puissances. Du reste, croire en elles ou pas n'a aucun soupçon d'importance, et je pense que si on arrêtait de croire en un dieu, ce ne serait pas ça qui précipiterait le monde dans le chaos. Il tournait déjà très bien sans qu'on vienne s'imaginer qu'il faille nourrir les dieux de nos moutons et de nos prières. Et c'est un païen qui vous parle.

Ne pas parler d'une chose ne prive pas cette chose d'une existence. Romeo, s'il portait un autre nom, serait toujours Romeo, et Juliette l'aimerait pour ce qu'il est et non parce qu'il est du clan Capulet ou du clan Montaigu. De même, la représentation d'un dieu peut changer, la puissance qu'il est ne change guère. La foudre reste la foudre, qu'elle soit maniée par Zeus, Taranis ou Percy Jackson. Et en ce qui concerne la morale, c'est une affaire d'hommes, entre hommes, les dieux n'influent guère là-dedans hormis lorsqu'il s'agit d'incarner une idée abstraite qui joue son rôle dans la morale humaine. Sinon, encore une fois, la foudre, au même titre que l'Amour, la maladie et la mort, à l'état brut, n'ont pas de morale.

"Il ne convient pas qu'un dieu soit tourmenté à cause d'un homme."
Héra à son fils Héphaïstos - Iliade, XXI.

Le problème c'est que lorsqu'on se soucie plus de l'ordre humain et de la morale qui est supposée le sous-tendre, on éprouve le besoin d'avoir un dieu, au moins un, qui soit le garant de cette morale. Et qui justifierait, du même coups, le sens de l'existence, en projetant au-delà de la mort un jugement du bien et du mal, deux notions qui sont aussi subjectives qu'un pet dans l'eau. On en arrive à l'invention du salut, le fameux pari de l'existence : soit je mise sur le fait qu'il y a un salut et j'y conforme ma vie, soit je ne m'y conforme pas en espérant qu'il n'existe pas. Moi j'fais le second pari, inutile de le dire... Ce qui, étonnement, ne m'empêche pas d'avoir une morale. La différence, c'est que j'en rends compte devant mes pairs, ces espèces d'énergumènes à deux pattes qu'on appelle "humains", et non devant des dieux avec qui la relation ne peut être celle d'un serviteur abruti envers ses maîtres, ni celle d'un pénitent bouffé de culpabilité devant une figure de paternel au pardon aussi prompt qu'il a la main leste.

Tout ça, pour trancher un peu dans le vif en oubliant les détails pourtant importants de l'histoire, conduit au monothéisme. Qu'un peuple ou un groupe d'humains se trouve une divinité qui lui est propre et qu'il choisit d'honorer en particulier, ça je le conçois, d'autant que c'est une logique un peu païenne... Jusqu'à ce qu'on dise que ce dieu est la seule et unique véritable puissance universelle, en vrai, j'vous ferais dire... Là j'commence à trouver ça insultant. Genre : vous êtes tous des cons, c'est notre dieu qui est le bon. A quel moment on a posé la question de savoir si dans tout le bordel des panthéons du monde humain il y avait une seule bonne réponse (ouais, à part 42), ça ça restera toujours un mystère pour moi. Je crois qu'on a surtout voulu imposer une réponse à qui ne s'était jamais posé la question et que les autres ont répondu "ah ouais, c'est pas faux..."
De fil en aiguille, chacun tire la couverture à soi : mon dieu est le bon, non c'est le miens, non le miens... puis : "Il n'y a qu'un seul Dieu et c'est moi qui le connaît le mieux". Alors là, le mec en robe, en face, il prend son bouquin et il t'en colle un coup de la reliure dans l'oeil. C'est le début de la guerre sainte. Parce qu'une guerre ça peut être saint (sisi). Moi j'ai jamais trouvé ça très hygiénique, pareil que les confessionnaux, mais après tout, je n'ai jamais mis les pieds dans l'une ou l'autre.

"Ils ont oublié de mettre du PQ..."
Confessionnal au presbytère de Tastavy.

Bref, le monothéisme c'est la grande réponse à une grande question que personne n'a jamais posée, mais qui a su s'accorder très bien avec toutes les justifications "morales" des petites affaires humaines. Comme l'humain est diverse et se fait des représentations diverses, des morales diverses et des affaires diverses, les dieux uniques (ou le dieu unique, si vous voulez) sont plus multiples qu'universels.

Chacun ses dieux et les hippopotames seront bien gardés...

Ils sont par contre tous d'accord sur un point : les bouseux (en latin : pagani, païens) qui ont des panoplies complètes de dieux, tous d'emblée divers, variés, partout, tout le temps, pour tout et même pour rien, comme un grand magasin où l'homme pousse le cadi de sa religion et se sert aux rayonnages des panthéons avant d'aller à la caisse payer en offrandes, tous ces bouseux donc, sont des crétins primitifs. Moi, j'ai tendance à penser de prime abord qu'entre le type lambda qui pousse son chariot et se paye pleins de livres différents et le personnage chi-rho qui se sert d'un seul bouquin pour taper sur les autres, le crétin primitif n'est pas toujours celui qu'on croit... Mais là encore, ce n'est qu'une question de point de vue. C'est subjectif (avec le pet dans l'eau et tout ça).
Pourtant, les bouseux polythéistes ont un point commun. Ils ont plus ou moins conscience de la diversité et l'ont plus ou moins acceptée de naissance. Ils ont plus ou moins conscience du choix, de la pluralité, de la différence. Ils sont d'accord pour dire que leurs représentations divergentes des divinités n'influent pas vraiment sur la réalité de celles-ci. Que tout ça n'est qu'humanisé, anthropisé pour être plus facilement abordable, qu'au fond la foudre, portée par Zeus ou Taranis, elle est toujours la foudre et vaut mieux pas traîner dans l'quartier quand on voit le flash de l'appareil. Le païen a une connaissance empirique de la divinité, il n'attend pas qu'on la lui révèle, du moins le païen d'aujourd'hui. Croire ou non, c'est une fausse question. La question c'est "comment on se représente les dieux?". Et on va faire son marché. Mais chaque choix est une chose en propre, particulière, individuelle, qui n'engage que le païen lambda et non tout l'univers. Et sur le plan de la morale, on voit ça avec les autres humanoïdes. Après, l'unité de toute cette diversité apparaîtra, et on pourra dire que les dieux sont légions, mais qu'ils sont plus unis que les dieux uniques eux-mêmes.

PS : Je parle là de manière un peu simpliste et un peu trop personnelle. Mais merde, j'ai l'droit, c'est mon blog. N'empêche, si ça peut vous donner matière à cogiter, c'est perfectissime.


"Et le royal archer Apollôn lui répondit :

- Poseidaôn qui ébranles la terre, tu me nommerais insensé, si je combattais contre toi pour les hommes misérables qui verdissent un jour semblables aux feuilles, et qui mangent les fruits de la terre, et qui se flétrissent et meurent bientôt. Ne combattons point, et laissons-les lutter entre eux. "
Iliade, XXI

jeudi 15 juillet 2010

Y a-t-il un juriste au zoo?

"J'ai des droits! J'exige de voir mon avocat!!!"

L'homme est un animal (Homo sapiens sapiens egocentricus). Ses relations envers les membres de son espèces sont complexes mais fonctionnent toujours, quoi qu'on en dise, sur un mode animal : amour, sexualité, peur, haine, violence, tristesse, possessivité et jalousie, tout ça est animal. Pourtant, tout ça a tendance, depuis quelques millénaires, à être codifié, intellectualisé, c'est-à-dire peu à peu chapeauté par la notion de morale, dont découle, peut-être, le droit, quand ce n'est pas la religion. En ce qui concerne les autres espèces animales... et bien la question est ouverte : doit-on ou non les inclure dans ce droit, expression d'une morale, sachant que pour cela, il faut d'abord faire passer l'animal du statut de "chose", d'objet animé, à celui de personne, d'individu? Voir ce que j'ai lu ce matin sur le sujet ici.

Vous avez le droit de garder le silence.
Tout ce que vous aboierez sera retenu contre vous!


C'est à mon avis une question fort honorable, mais encore une fois mal posée. A nouveau, "l'homme est la mesure de toute choses". La seule optique pour l'animal, la seule alternative qu'on lui propose pour passer de l'état de chose vulgaire à celle de personne dont on reconnaît les sentiments et les ressentiments, est celle de se calibrer par rapport à l'homme, juridiquement qui plus est! Ce n'est pas la première fois. Au Moyen Âge, on traînait en justice les cochons quand ceux-ci étaient coupables d'avoir mangé sur le terrain d'un autre que leur propriétaire. Ou alors on jugeait le chien qui avait mordu, quand on ne brûlait pas pour sorcellerie la chèvre du voisin. Avant l'émissaire, il y a le bouc. Que la justice reconnaisse le rôle de l'animal dans les jeux de cause à effets qui conduisent le monde est à mon avis un fait raisonnable. Après tout, le chien qui a mordu est effectivement celui qui a blessé le plus gravement. Mais est-il celui qui a provoqué? Car le chien qui mord, soit a la rage, et doit donc être considéré comme un malade, soit a été agressé. Quand on dit "agressé", on se place, idéalement, sur le plan d'interprétation du chien. Ce que lui considère comme une agression, alors que du point de vue de l'humain mordu, on se contentait de vouloir lui gratter l'arrière de l'oreille.

Aura-t-il droit à une couverture sociale?

Il est là le problème : l'homme, qui se veut mesure de toute chose et qui ramène l'interprétation du monde à cet anthropocentrisme - "égoïsme cosmique" comme je me le répète souvent intérieurement - ne veut pas se mettre à comprendre comment l'animal pense. Parce que soit-disant, l'animal ne pense pas (merci Aristote et Descartes...). Mais l'animal pense, avec sa propre logique, ses instincts, ses réflexes, qui ne sont pas tout à fait les nôtres mais ne sont pas si éloignés, tant qu'on admet en avoir nous aussi, de par notre propre nature animale. A son niveau, le chien, mais aussi la libellule ou le castor à pelleteuse, a son propre fonctionnement cognitif, réactif et sensitif. Donc, au lieu de tout ramener à soi et d'évaluer l'animal en fonction du droit humain, on devrait prendre largement en compte l'éthologie, c'est-à-dire la compréhension du mode de vie et de fonctionnement psychique de l'animal. De chaque animal. On comprendrait alors, par exemple, qu'on ne possède pas un chien. On s'intègre dans ses modes de fonctionnement et de représentation du monde : le maître est en fait le chef de meute, le nourricier, le protecteur et/ou le protégé, etc. Quand un rat vous fait pipi dessus, il ne vous insulte pas - car selon l'éthique, la loi et le droit humains, uriner sur autrui est synonyme d'insulte et manque d'hygiène répréhensible d'un coup de point dans la face - le rat qui urine intègre, par jeu d'odeurs et donc de manière sensible, l'individu à son "clan", à sa "famille". La justice devrait en tenir compte, non?

Le droit de grève?

Que penser des "bestiaux" de l'élevage? Je viens de lire des théories très intéressantes quant aux origines de l'élevage - apparu au Néolithique. Par exemple, le chasseur qui suit les troupeaux de chèvres sauvages (premier animal domestiqué au Proche-Orient après le chien) s'habitue à leurs cycles de vie, à leur mode de vie, et c'est alors qu'il finit par "fusionner" son propre mode de vie avec le leur et que les deux espèces animales s'associent ainsi, l'homme devenant celui qui entretient la chèvre et peut jouer sur ses propres besoins, avant de se servir et de prélever lait, viande, laine et autres. En quelque sorte, l'éthologie aurait précédé la domestication. On n'a pas intégré l'animal au mode de vie humain, on a appris de l'animal et on s'est adapté. D'un autre côté, les bêtes sauvages les plus effrayantes, celles qu'on ne chasse pas pour manger mais dont on cherche à se défendre, sont devenus objets de représentation magique, image religieuse, et finalement incarnation de la puissance divine de vie et de mort (le Taureau, en particulier, mais aussi les rapaces, les scorpions, les fauves, etc). L'animal, vis-à-vis de l'homme, c'est l'ami, l'associé (que l'on mange ou pas) ou l'ennemi, celui qui représente tous les dangers de la vie, même les plus "mystiques". Aujourd'hui, alors qu'on a chassé la conscience du divin-puissance pour renforcer cet anthropocentrisme, alors qu'une bête, elle la ferme un point c'est tout, que l'on ne se comprend pas soi-même comme animal, que l'on croit avoir pris tellement d'importance au regard de la nature que lorsque quelque chose nous frappe et nous détruit (maladie, cataclysme, etc) on dit "mais pourquoi?" sous-entendu "mais pourquoi on n'a rien pu faire contre ça?" tant on a l'impression que l'homme est au-dessus de la nature et qu'il peut tout en contrôler... Aujourd'hui, il est difficile de se dire que l'animal puisse n'être qu'une autre espèce animale, que pour être en relation avec lui il faut en comprendre les codes et les fonctionnements naturels, qu'on ne peut l'exploiter comme une vulgaire "ressource" sans avoir de facto réduit à néant le sens de la morale. On croit s'élever par rapport au statut de l'animal quand on se construit une morale, mais lorsqu'on fait subir à l'animal ce qu'on n'aimerait pas subir soi-même, on détruit cette idée de morale du fait qu'on est tombé plus bas que lui... Capito?

Et les conventions de Genève?

Se demander si l'animal a des droits c'est comme se demander si la grenouille peut se transformer en vache. C'est idiot, profondément. Il faut se demander si on peut, dans notre rapport à l'animal, prendre en compte ce qu'il exprime, lui. Et nous adapter nous, par rapport à ça, au lieu de tout faire comme si chaque animal pouvait s'adapter à nous. Mais encore faut-il réviser nos concepts et nos philosophies d'égoïstes cosmiques pour se rappeler qu'au fond, nous sommes, tous, des bêtes.

Vos papiers et ceux du véhicule, monsieur.


[click sur le prédateur des autoroutes ;) ]

vendredi 9 juillet 2010

Ut omnis aetas opteo aei terram levem

On peut être bouleversé par la mort de quelqu'un que l'on ne connaissait pour ainsi dire pas. C'est officiel, ça arrive.

J'ai appris récemment la mort d'un de mes professeurs, du temps - très court - où j'étudiais à l'université de Caen. Yves Modéran a "quitté la lumière", comme disaient les Latins, le 1er juillet 2010, à Paris. Sa mort brutale est intervenue alors qu'il était vice-président du jury de l'agrégation d'histoire.

Yves Modéran était un éminent spécialiste de l'histoire de l'Afrique romaine, en particulier à l'époque de l'empire romain tardif, celle des Maures, des Vandales, la provincia Africana de Cyprien et de Tertullien, celle de la Carthage chrétienne, entre Jupiter Hammon et Allah, entre l'Antiquité sois-disant déclinante et le Moyen-Âge soit-disant obscur. Le Maghreb à l'Antique, avec ses vieilles pierres, ses colons romains et français dont on doit raturer la comparaison maudite, ses oliviers et son blé qui nourrirent Rome et une bonne partie du Bassin méditerranéen pendant des siècles, ses empereurs, ses évêques, ses donatistes et ses navires, ses barbares et ses temples puniques, grecs, romains, ses...

Je n'ai pas suivi beaucoup de cours dispensés par Yves Modéran, mais j'en garde un vif souvenir. Je me souviens de ses démonstrations brillantes, de cette séance d'épigraphie autour d'une stèle où un Berbère se faisait empereur romain, avec multiples lectures, avec ce cheminement intellectuel pointilleux qui fait la beauté du métier d'historien, comme le coup de pinceau fait la beauté du geste chez l'artiste. Mais je revois aussi ce professeur qui, tel un Dumbledore - la comparaison prête à sourire - à la barbe argentée et au regard pétillant, défendait les valeurs de son mode d'enseignement, menait sa recherche savante et son professorat avec brio et humanité. Proche de ses élèves, comme eux-mêmes en témoignent encore, il était ouvert à tout et à tous, curieux, dynamique, passionné et passionnant, et son souvenir est pour moi, qui l'ai si peu vu et entendu, fort émouvant.

Je repense aujourd'hui, face à ce qui n'est que memoria, à ce que je dois à cet homme parmi d'autres. Car oui, malgré le peu de temps et d'esprit qui m'aient lié à Yves Modéran, il m'a apporté beaucoup. Ses cours sur l'Afrique romaine de l'Antiquité tardive, alors que je travaillais plus spécialement sur la religion grecque, l'Anatolie, bien plus tôt dans l'histoire, bien plus à l'est, m'ont toutefois donné l'envie d'en savoir plus sur les derniers temps de l'Antiquité, et c'est ainsi que je me suis piqué de curiosité et peu à peu ouvert à l'empire romain, à ces temps tardifs, voulant faire du Modéran avec la modeste application qui est la mienne dans mon Anatolie gréco-romaine de fin d'Antiquité. Je me souviens être rentré chez moi après l'un de ses cours et avoir médité à ma fenêtre, dans une fin de journée bleu-orangé, sur ce que j'aimais en histoire, sur le type d'historien que je voulais être, sur les recherches que je voulais mener. J'ai souvenir de m'être un peu enflammé, m'imaginant déployer comme lui devant un auditoire passionné tous mes cheminements d'enquêteur, transcrire mes vieilles pierres, pleurer le "Naufrage de l'Antiquité", défendre les faits tels que les documents me les montrent, transmettre ce goût d'une histoire lointaine et en même temps si proche, que l'on n'aborde pas à la machette de l'idéologie mais avec la pince à épiler du scientifique, un bon verre d'humanité dans l'autre main.

Yves Modéran a une place dans ma vie qu'il n'a jamais, que personne, pas même moi jusqu'à présent, pu soupçonner. Il est triste que ce soit après cette perte considérable que je m'en rende compte, puisque jamais je ne pourrais rendre la pareille. Quoique, comme lui, ce que je dois à mes aînés, je pourrai peut-être, un jour, le transmettre aux jeunes pousses. Je le souhaite. Pour l'instant, je me recueille, je médite, comme ce jour où je rentrais d'un cours d'histoire au crépuscule. Celui d'Yves Modéran est passé, mais le soleil continue à briller.

Si vous souhaitez en connaître un peu plus sur le maître, je vous invite à lire l'émouvant hommage de ses collègues de l'Université de Caen.

lundi 7 juin 2010

Les yeux de la déesse

Je fais de plus en plus d'articles sur commande, ça devient une habitude insidieuse... Mais bon, puisque je suis une âme charitable qui éprouve le plaisir de faire plaisir en étalant le beurre de sa culture sur la petite tartine de ce blog, je dédicace aujourd'hui un nouvel article de la chronique des dieux pas si oubliés que ça. Si vous êtes passionnés ou juste intrigués, ouvrez bien vos esgourdes. Ou plutôt vos mirettes...

Nous sommes en l'an de grâce... houlà, faux départ.


Nous sommes quelque part entre le mythe et la réalité alternative, là où les puissances surnaturelles s'agitent le bigoudi, en un temps reculé toujours d'actualité dans la mémoire inconsciente du monde. En ce temps mythique, il y avait un dieu, nommé Zeus, plein de ressources - surtout physiques - pour conquérir le monde. Il y avait une déesse, fille de la mer, nommée Mètis. On en parle peu de Mètis, et pourtant! Elle fut la première épouse de Zeus, à cette époque où le trône était à sa portée mais pas encore acquis. Mètis est plus qu'une simple fille de la mer. Elle est l'intelligence, la ruse, la sagesse ; elle est la capacité à penser, coordonner les données dans son esprit, monter des plans, créer intellectuellement, étape essentielle pour qui veut créer matériellement ensuite, mettre en ordre, se sortir de situations complexes... Mètis est une puissance de la pensée et de la volonté. On dirait qu'Ulysse est Polymètis (Plein de ruses), car il fait montre d'habileté pour se sortir des emmerdes les plus graves en pondant des plans plus tordus les uns que les autres. Métis, c'est ça.
Et aussi une déesse sacrément canon. Donc Zeus, qui est grand, beau, fort et bien bâti, mais qui n'a pas franchement la mètis dans le citron, l'aime, l'épouse et lui met le polichinelle dans le tiroir, comme dit ma mère (polymètis, elle). Mètis l'aide accessoirement à vaincre Cronos - vous savez, le père qui avait gobé ses enfants comme un serpent gobe des oeufs de poule : Mètis a préparé la potion magique qui a forcé Cronos a dégobiller ses mouflets.
Mais voilà, vint rapidement un jour où la Terre et le Ciel prédirent à Zeus que Mètis concevrait deux enfants de lui : une qui serait aussi sage et dévouée que sa mère, un autre qui, comme son père et son grand-père avant lui, détrônerait son géniteur. A savoir Zeus lui-même.
Et que fit donc Zeus? Bé, comme son père avant lui, il goba l'enfant à naître - et la mère avec. La technique avait fait ses preuves et puis, comme Mètis était la seule à savoir faire le vomitif capable de contre-carrer ce sort, la boucle était bouclée et bien malin qui déferrait ça. Z'allez me dire, Zeus, il aurait pu attendre que le mouflet naisse et lui laisser une chance d'être soit sage et dévouée, soit détrônant. Mais non, ça marche pas comme ça, ma p'tite dame. Le coup de laisser naître la progéniture avant de l'avaler, c'est un mauvais plan. Zeus en était la preuve éclatante.
Alors cul sec la Mètis enceinte! Et c'est ainsi que Zeus eut non seulement des atouts physiques imparables, mais aussi avec lui, en lui, l'essence même de la sagesse, de l'intelligence et de la ruse. Il pouvait pondre lui-même les stratagèmes les plus excellents, ce qu'il ne se priva pas de faire pour conquérir le monde et le maintenir en ordre. Jusqu'à ce jour où, traînant sur les bords du lac Triton en Lybie (voyez, la mer...) il sentit une migraine lui labourer le sommet du crâne. Tout puissant qu'il fut, il ne pouvait s'en débarrasser et il sentait que sa tête allait exploser sans que pourtant elle n'en fit rien. Héphaïstos, le forgeron, passa par là.
- Mais mon bon roi, vous perdez les eaux!
- Hein?!
- Mais si, ça vous coule par les oreilles... et là, ça palpite un peu... Vous allez accoucher!
- Mais... par les oreilles?
- Ben ça risque de pas passer facilement. On pourrait mettre du beurre pour graisser les esgourdes, mais...
- Abruti de boiteux! La césarienne, vite! [on aurait dû l'appeler la Jupitérienne, mais Zeus avait trop mal au crâne pour penser déposer un brevet]
Héphaïstos prit sa hache à deux mains, la fit tournoyer au-dessus de sa tête avec la précision d'un chirurgien sous amphètes, et trépana le roi des cieux d'un coup d'un seul. Retirant sa hache (en s'appuyant du pied droit sur l'épaule de Zeus qui se jura de laisser l'accouchement au sexe féminin), il laissa une faille béante dans la tête du dieu. Alors, un cri retentit (eleleleleleleï!!! - cri de guerre hellénique) suivi de la pointe d'une lance, d'un casque avec la tête d'une dame à l'intérieur, puis tout le reste du corps, en robe, à peine couvert de sang et sans cellule grise (les dieux en ont-ils d'ailleurs? Les meilleurs experts en biothéologie devraient se pencher sur la question).
"Poussez, monsieur! Poussez!"

Athéna était née.

A mon avis, Zeus, bien qu'il ait dû l'avaler comme un comprimé d'aspirine, aimait sincèrement et profondément Mètis. Elle l'habita toujours d'ailleurs. Simplement, qu'elle et lui ne fassent qu'un n'empêchait pas l'accouchement. Car Athéna était née de la tête de son père, là où résidait sa mère. Et Zeus l'aima. On dit qu'elle fut sa fille favorite. L'enfant de son premier amour comprenez.
Elle eut sa place sur l'Olympe, à la droite du père, comme qui dirait. Sage et intelligente comme sa mère, forte comme son père, elle demanda à rester éternellement chaste et vierge. Rien d'étonnant, sa mère ayant été non seulement engrossée mais en plus ingérée, la jeune Athéna ne voulait certainement pas risquer le traumatisme. Elle participa aux conseils des douze dieux, dont elle fit partie. Elle tissa le linge de maison, combattit les Géants, vainquit Pallas, dont elle prit le nom, mit au point nombre de techniques et les enseigna aux hommes. Elle guida les meilleurs fils mortels de Zeus et d'autres héros encore, mena les Achéens contre Thèbes, sauva le coeur de Dionysos (dévoré par les Titans selon le mythe orphique)... Elle est un peu l'agent spécial de Zeus. Déesse de la guerre, des techniques et donc de l'artisanat, du tissage, on la connaît bien sous l'apparence d'une femme vêtue d'une tunique longue, armée comme un homme et tenant parfois la quenouille, attribut féminin s'il en est. La chouette est son emblème, ainsi que l'olivier. Homère nous dit qu'elle a des yeux de chouette. Athènes se vante d'avoir reçu d'elle l'art de cultiver les oliviers pour en tirer l'huile bénéfique, ainsi que l'art de dompter les chevaux, que Poséidon leur avait offerts sauvages, même pô dressés, le rapiat. Athéna transmit aux hommes l'art de faire des noeux, pour naviguer, les mathématiques et donc tout ce qui en dépend, le mors pour les chevaux, l'art du tissage, la flûte, peut-être bien le fil à couper le beurre, etc...
Plus que la déesse de l'intelligence, ce qu'incarne sa mère, elle est plutôt la mise en pratique de l'intelligence, l'action produite par la réflexion et la volonté, le fruit du ciboulot.

C'est donc une déesse bienveillante, proche de l'homme dont elle fonde la "civilisation". Pourtant, bien des a priori pèsent sur ses épaules d'ivoire...
D'abord, il paraîtrait qu'elle est "androgyne", ou "virile". C'est vrai que dans une société misogyne comme l'était par exemple la cité d'Athènes, on s'étonne de voir une déesse tutélaire porter les principaux attributs de la fonction sociale masculine (la guerre et le pouvoir) en même temps que ceux de la femme (le tricot). Pourtant, cela ne devrait pas étonner. Elle est une déesse et les divinités ne fonctionnent pas comme les hommes. Ca devrait être évident, mais beaucoup ont du mal à intégrer le concept, tout contrits dans les archétypes que des millénaires de guerre des sexes leur ont inculqués... Et puis, à bien y regarder... qu'est-ce qu'elle a faire de la guerre des sexes Athéna? Qu'est-ce qu'elle a à faire du sexe tout court, d'ailleurs? Elle, la vierge guerrière, la chaste et intellectuelle Athéna, elle qui est née d'une mère et d'un père qui n'étaient devenus qu'une personne ? Des cacahuètes ouais...
Puissance neutre elle est. Puissance brute, dirais-je. Comme Apollon, tenez. Une puissance à l'état pur. Spirituelle, mais pas pour autant monacale. Bienveillante et sage, mais pas pour autant une effarouchée de la moralité rationnelle. Comme dans le cas d'Apollon, on a trop fait d'elle, au fil du temps et dès l'Antiquité, une froide garante d'un équilibre rationnel, opposé à la fureur d'Arès. Oui, cela n'est pas à remettre en question, mais doit-on oublier l'énergie magique qui se dégageait de sa personne aux temps les plus anciens, avant que la philosophie moralisante ne fasse des dieux de véritables piliers de vertu, parfois bien détachés des réalités de la nature?

Banzaïïï¨!!! Géronimoooo!!! Montjoie!!!
Sus à ces p'tits bâtards d'ennemis!!!

Voyez-la au combat, dans tous ses états de déesse de la guerre.
Voyez-la dans l'Iliade, combattant aux côtés des Grecs. Imaginez-la débarouller sur le champ de bataille comme une Walkyrie au son des trompettes, debout sur un char en pleine charge, la robe flottant au vent, hululant le cri de guerre pour impressionner l'ennemi, la lance levée, l'égide brandie, peau de chèvre à franges de serpents, la tête de la gorgone plantée dessus comme un trophée morbide au regard pétrifiant. Voyez-la soulever un rocher grand comme un blindé et l'abattre sur la tête d'Arès, injurier Aphrodite en la traitant de "mouche à chiens" (elle aurait aussi bien pu dire "catin", c'est juste qu'il n'y avait pas de chats dans la Grèce de monsieur Homère). D'ailleurs, au passage, l'antagonisme qui existe entre elle et Aphrodite est assez marqué chez Homère pour ne pas le souligner. Quand Athéna offre la victoire à Pâris, comme à tout homme, Aphrodite lui offre l'amour, comme à tout homme. Deux champs d'actions qui ne se croisent pas, deux déesses qui ne peuvent pas vraiment empiéter sur le terrain de l'autre. Aphrodite participe au combat mais ça ne lui réussit pas : un mortel, guidé par Athéna, parvient à la blesser et elle court se réfugier dans les jupons de sa mère. D'un autre côté, Athéna n'a pas obtenu non plus la pomme d'or et le prix de beauté...

Oh-My-GoD!
J'ai failli mettre Xena, mais Barbie Athéna, c'est quand du high level...

Et Héphaïstos dû comprendre à ses dépends qu'Athéna n'était pas à déesse à jouer à l'amour. Il voulut la posséder charnellement, sa compagne des travaux pratiques. Mais Athéna, qui était opé pour manipuler l'argile, le bois, la pierre, sculpter, tronçonner, charpenter, bidouiller, connecter les fils du circuit électronique ou forger des tournevis, n'avait pas l'intention d'aller plus loin que la stricte coopération fraternelle. Héphaïstos, bouillonnant de désir, tenta de la violer un jour dans un temple d'Athènes. Elle eut du mal à se défendre, car il est musclé le forgeron, mais elle parvint sans doute à l'assommer avec son casque et à le bananer hors de sa propriété avec pertes et fracas. Surtout des pertes, et des pertes blanches... On dit qu'Athéna dut s'essuyer la cuisse avec un mouchoir, qu'elle jeta à terre où naquit plus tard un être mi-homme mi-serpent. Erichthonios, qu'Athéna dans sa grande classe éleva comme un fils adoptif ; il devint roi de la cité qui porte son nom - à elle. Héphaïstos, lui, dut se contenter de son épouse volubile, Aphrodite... Comme quoi les voies d'Athéna sont impénétrables...

Un coup d'latte d'Athéna et tu remets ton slip pour sept ans
- devine la marque, du slip...

Légèrement violente hein la déesse de la sagesse. C'est que sagesse ne veut pas forcément dire pacifisme, et les Grecs l'entendaient bien de cette oreille. Le sage ne tend pas l'autre joue dans la nature. Il vous prend par les bijoux de famille et vous retourne une droite pour que vous ne recommenciez plus. Tenez, même Ovide, longtemps après Homère, s'en souvenait. Arachnée, une damoiselle très douée pour le tricot et pour repriser les chaussettes, se vanta un jour de maîtriser l'art subtil et complexe du tissage beaucoup mieux qu'Athéna elle-même. La bourde. On fit un concours, comme souvent en pareille occasion. Celle qui réaliserait le plus beau patchwork gagnerait le droit de faire fermer sa gueule à l'autre. Ben celui d'Athéna, non seulement il était bien cousu, bien long, bien chaud, mais en plus, on aurait pu jurer voir les histoires cousues dessus se dérouler vraiment. N'est pas dieu qui veut. Arachnée le paya cher : elle se vit contrainte à vivre petite, poilue et moche, à huit pattes, obligée de tisser avec du fil qui lui sort du fondement pour pécher le moustique en plein vol.

Elle trame les plus belles oeuvres et les pièges les plus subtils.
Ne serait-elle pas déesse du web?


Uma Thurman dans une vie antérieure.

Et Médusa? Ah Médusa... folle est la gorgone qui croit se jouer de la fille de Mètis. Elle se vantait, déesse qu'elle était, d'être plus belle qu'Athéna. Bon, Aphrodite ok, mais cette Médusa... Elle disait avoir de plus beaux cheveux, un plus beau regard. Ca traîna, Athéna ne mouftant pas tout de suite. Puis un jour, Médusa séduisit Poséidon et se laissa monter... dans un temple d'Athéna. Oui, j'ai dit montée, parce que bon, y a toute une symbolique hippique derrière tout ça (Poséidon est un dieu cheval, Médusa aussi, chevalerie incarnant la puissance des eaux). Athéna, là, elle piqua sa crise et on la comprend bien. C'est interdit, bons dieux, de forniquer dans les sanctuaires. Un peu de respect, bordel! Du coup, Médusa ne fut plus belle du tout. Un corps de cheval, un visage en cul de babouin, des défenses de sanglier dans le bec, des serpents dans les cheveux, des ailes dans le dos, et un regard... médusant. Quiconque le croise meurt, pétrifié. C'est clair, net et sans bavure. Plus une chance qu'elle la ramène la Médusa. Jusqu'à ce qu'un héros lui sépare le chef du reste du corps et le dédie à Athéna, qui se le plante en trophée sur le bouclier. Na.

L'ange ou le fantôme de la nuit?

Et j'en viens à ce qui me tient à coeur, après tant de palabres et de peopletteries. Les yeux. Athéna et les yeux, une longue histoire que je tente ici, en exclusivité ('fin presque) de vous résumer. Il y a les yeux de Méduse, qui pétrifient. Il y a les yeux de la chouette, les yeux même d'Athéna si on en croit les plus anciens récits. La chouette dont les yeux voient dans le noir comme la sagesse incarnée guide dans les ténèbres de l'ignorance? Très jolie métaphore. Mais, plus crument, les fidèles d'Athéna ont-ils vécu ça comme ça? Ou comme le vécurent tous ceux qui croisèrent une chouette en pleine nuit noire, ce machin aux yeux ronds et fixes qui apparaissent de nulle part et vous toisent en poussant un hululement à vous glacer le jus de vie dans les veines? Qui sait, si on croisait les yeux de la Gorgone, verrait-on les mêmes yeux ronds et proprement stupéfiants qui feraient verser trois gouttes sur le matelas en pleine nuit?
Plus largement, le regard qui fait peur c'est le regard qui ensorcelle, lie, immobilise. La chouette, image de la sorcière... Hedwige n'est pas loin, non?

T'as d'beaux z'yeux tu sais?

Les légendes athéniennes racontent comment Athéna guida le tyran Pisistrate à son sanctuaire... Les gens prenaient soin de ne pas la regarder dans les yeux, car on savait que son regard était insoutenable pour un mortel qu'il tuerait plus sûrement qu'une balle en pleine tête. C'est ainsi que Pisistrate put faire passer une de ses servantes pour la déesse, vu que personne n'irait vérifier son empreinte oculaire. Polymètis le mec. Finalement, il devait être guidé par Athéna pour de vrai.

Elle est donc bien, je le crois de tout mon coeur, une puissance à l'état naturel, une véritable force de la nature humaine, inventive, ingénieuse, civilisatrice autant que retorse, protectrice autant que terrifiante et proprement mortifiante. Elle aime la guerre, vraiment, sauf celle des sexes, qui n'a aucun sens pour elle. Elle lie, méduse par le regard, abat par la force, guide par l'intellect. C'est là toute son énergie, une énergie que l'on peut bien trouver un brin magique...


samedi 29 mai 2010

Mon bel Apollon...


Bon ok. C'est reparti. Je poste. Sur commande.
On m'a demandé de reprendre mon histoire des dieux où je l'avais laissée. Vous savez, cette chronique où je vous présente des personnages célèbres qui hantent notre inconscient collectif sans qu'on s'en rende compte parce que leur histoire remonte à un passé si lointain qu'on en a presque oublié toutes les ficelles? Ben voilà. Aujourd'hui, je vais vous parler d'une vraie grosse star. Un beau gosse de la puissance chamanique cachée sous le verni brillant de la raison luminescente. Il s'appelle Apollon.

En Grec, c'est Apollon. Un des plus grands dieux de l'identité hellénique. Même qu'en Italie, les Etrusques ont installé le dieu dans leur panthéon sans l'assimiler, en conservant son nom (Aplu), imités plus tard par les Romains. Est-ce à dire qu'Apollon n'a pas d'égal? Je vous en laisse juges.

Avant Jésus, la mode des cheveux longs par Apollon.

On a une image terriblement nietzschienne de ce dieu. Comme si il était la figure même de la science, de l'art, de la beauté, des bonnes proportions, de l'architecture droite et harmonieuse, des fesses rondes et des pectoraux taillés à l'équerre, de la médecine savante, du bon ordre philosophiquement conventionnel des choses... tandis que son frangin Dionysos serait son contraire nécessaire, le dieu de l'irrationnel, du fantasme, du sauvage, du passionnel, tourmenté, androgyne primaire et bestial, transe chamanique, et renversement des conventions si bien ordonnées par le Maître des muses. Or, s'il y a du vrai à la base, c'est à mon avis pisser dans une source que de raconter ces idéaux... Selon ce que j'ai pu comprendre en enquêtant sur Apollon, en jouant les paparazzi de la divine comédie, en furetant dans les prophéties païennes et en interrogeant les muses d'antan, si il y a un dieu qui soit passionné, proche de l'irrationnel (mais qu'est-ce que l'irrationnel hein?) et flirtant avec les caractéristiques mêmes de ce que l'on appelle improprement à mon sens le "chamanisme grec", c'est bien Apollon! Pour développer, j'vais vous raconter, avec sa Brillantissime permission, quelques histoires.

Apollon sent bon, révèle l'avenir, délivre des diplômes,
sauce vos ragoûts et vous joue du ukulele pendant les repas...

Pour commencer dans le délire chamanique que représentent les fonctions principales du dieu coiffé comme un pot-au-feu, je me lance dans la divination. Car c'est sans doute là la fonction principale d'Apollon, le Prophète par excellence.
Jeune et fringant gamin (bébé, ado? tout à la fois), tout juste sorti du ventre de sa mère sur la misérable et néanmoins glorieuse île de Délos, où sa soeur jumelle, d'un jour son aînée, a aidé à le faire venir au monde, Apollon s'est rendu en quête de gloire près d'un sanctuaire de la Terre, gardé par un énorme serpent femelle du nom de Python. Se serait appelé Anna Conda, que ça aurait été pareil. La bougresse draconienne se trouve être le Python que la souveraine Héra avait envoyé poursuivre Létô, amante de Zeus, enceinte de notre Apollon à travers toutes les terres. Maintenant qu'Apollon est né, ça va chier.
Le lumineux fils de Zeus prend son arc et ses flèches, sort le constrictor de son trou, lui sulfate les écailles, et le laisse pourrir au pied du sanctuaire. Paraît même que Python, qui va devenir le nom du lieu, signifie "pourriture". Pas mal pour un dieu de l'ordre harmonieux de la divine proportion des abdo des statues? Les choses n'en restent pas là. Apollon, qui au passage impose sa loi dans le quartier, en remettant au pas une nymphe de la source voisine qui avait dû entendre parler du concept d'autonomie politique, convertit le sanctuaire de la Déesse Terre, sa grand-maman (du côté de ses deux parents), et en fait son sanctuaire. Pour ceux qui n'auraient pas déjà ouï dire de l'histoire, il s'agit de Delphes, au pied du mont Parnasse, centre du monde - selon les Grecs, nombrilistes. Il y installe des marins crétois, qu'il a guidé jusqu'ici en prenant la forme d'un dauphin, d'où le nom, disent les poètes.

Crève, pourriture chthonienne!

L'est venu le temps où il gagne l'Olympe avec sa soeur Artémis, pour y recevoir la place qui leur est due. Là, Zeus confie à Apollon un rôle des plus importants, qui hisse le jeune dieu au sommet du gouvernement cosmique : les oracles. Le deal, c'est que Zeus accorde à Apollon le droit de connaître et surtout de révéler les desseins suprêmes du dieu des dieux. Du coup, les oracles d'Apollon ne désempliront plus jusqu'à ce que les fidèles des quatre clous ne viennent interdire d'oraculer - quel charmant mot qui lui va bien! Une chance pour Apollon qu'ils n'aient pas interdit le laurier parce que c'est tout ce qui lui reste : les oracles de Delphes, de Claros, de Didymes, et certains autres, ont été longtemps des centres majeurs du polythéisme ritualiste grec (et même romain), des bastions. Grâce à Hérodote, on sait ce qui n'était pas dit dans ces oracles et qu'ils avaient un rôle politique certain. Grâce à cette science merveilleuse qu'est l'épigraphie, "l'art de faire parler les vieilles caillasses", on sait ce qui y était réellement dit : Lambda demande "Qu'est-ce que je dois faire pour avoir un fils?" Apollon répond "Le douzième jour du mois, sacrifie une truie à Déméter, une chèvre à Artémis et un tiramisu à Héra. Un fils tu auras." Ou à peu près. Autrement dit, dans un système qui n'est pas vraiment une religion, qui n'a pas de dogme, mais est un ritualisme, où le rituel est le point nodal de tout, l'oracle ne dit pas l'avenir ou le dogme, il dit le rite à accomplir. Bien souvent il en dit plus, surtout pour répondre aux consultations de cités entières, dont il valide les calendriers liturgiques, les cultes nouveaux, l'organisation des offrandes, etc.

La Pythie l'avait prédit :
"Dans le futur, les hommes porteront des slims et auront la migraine.
Sacrifie un bébé roux à la pleine lune et change de drap, tu seras épargné."


Plus tard, lorsque les païens auront commencé à comprendre qu'il y avait des chrétiens, l'influence de la philosophie dans les élites gréco-romaines se fait sentir chez Apollon. Le dieu se lance alors dans de la pure théologie et ses oracles déclament des vérités néo-platoniciennes que les chrétiens ont presque pu reprendre telles quelles. Il y a bien de l'ordre dans tout ça. Mais n'oublions pas qu'Apollon transmet ses oracles d'une drôle de façon, par l'intermédiaire de prêtresses en transes, paraît-il. Apollon est le prophète d'un très antique ritualisme où le musicien, le prophète et le sorcier ne font qu'un... tenez, Orphée par exemple?

Apollon est ainsi, c'est bien connu, le Conducteur des muses, le Musagète. On le voit bien, assis, la lyre sur la cuisse - qu'il a jolie d'ailleurs, conduisant le tempo des récits mythiques que les dieux aiment écouter. La Muse, les muses plus tard, c'est l'essence de la musique, un art magique, sacré, qui est à l'origine des expressions du divin et du rite, de "l'art" en Grèce comme l'a compris Otto. Les muses veillent sur la "mousikê" et tous ses "produits dérivés" : poésie, chant, danse, chorégraphie céleste, musique guerrière aussi (la muse de l'histoire ne tient-elle pas une trompette à la main?). Apollon musicien, c'est selon l'image conventionnelle le dieu de l'harmonie, des bons accords, de la mathématique des notes et des temps. Mais pour qui a déjà vraiment vibré au son de la musique, il faut bien comprendre aussi ce qu'est ce pouvoir, qui déchaîne des émotions, fascine, enchante. Le dieu qui dit l'avenir ou les lois divines est aussi celui qui veille à la bonne mémoire des choses, comme les muses, filles de Mémoire, inspirent à l'aède, à Sophocle et Shakespeare, à l'historien, la bonne connaissance de ce qui fut. Maître du savoir, Apollon assure ce qui fut, ce qui est et ce qui sera.

Apollon, chef du "boys bandent"

Les devins lui sont consacrés. Nous en verrons deux parmi eux au cours des deux petites histoires qui vont suivre : Calchas et le corbeau. Ces histoires, je vous en fais part à propos du dernier grand pouvoir d'Apollon (après la prophétie et la musique).

Apollon, beau gosse ultra vénère...

Calchas, fils de Thestor, descendant d'Apollon, tient son don de divination du dieu lui-même. Au début de l'Iliade, il explique aux Achéens pourquoi la peste décime leurs rangs. C'est parce que la fille du prêtre troyen d'Apollon, la belle Chryseis, a été capturée par Agammemnon, qui refuse de la rendre. Invoqué par son prêtre, le dieu, qui a un caractère de chien, défend son serviteur en bombardant le camp grec de ses flèches, lesquelles portent aux hommes le loimos, la maladie. L'épidémie, les bactéries, les virus, les coup de fièvres, les bubons, les infections, les gros rhumes, tout ça est le fruit de la puissance apollinienne. Car Apollon n'est ni bon ni mauvais. Il est une puissance. Et c'est le dieu "qui frappe au loin", de ses flèches. Les flèches sont rares parmi les dieux. Artémis et Hécate partagent cet outillage avec le dieu de lumière. Les flèches d'Apollon marquent moins les rayons du soleil que la force magique d'une puissance qui atteint à distance, la sorcellerie pour Hécate, la maladie pour Apollon. Dieu mortel donc, dieu magicien, Apollon est cela avant d'être le dieu de la médecine, comme les guérisseurs furent là avant les médecins. Car Apollon, s'il envoie le mal, est aussi celui qui le guérit.

Le corbeau fut le témoin du mauvais caractère apollinien comme de sa puissance guérisseuse. Apollon fit un enfant avec une certaine Coronis, laquelle se laissa aller à le tromper quand il regardait ailleurs. Mais le corbeau, oiseau blanc de plumage, a cafardé. Furieux, Apollon n'a pas supporté que son compagnon lui apporte sans cesse des mauvaises nouvelles et l'a maudit, teint en noir et fait oiseau de malheur. Le corbeau est ainsi l'oiseau solaire et prophétique que l'on connaît. Puis Apollon a passé ses nerfs sur la Coronis, qui n'aurait pas dû le prendre pour un dindon en allant coucher sans même prendre la peine de rompre. La s... hum.

Le corbeau, précurseur d'Eveline Dheliat.

Le fils d'Apollon et Coronis, lui, aura droit à un brillant avenir. On l'appelle Asclépios. Il reçut en partage le don de guérir. Il guérit même si bien qu'il ressuscita les morts! Le problème c'est que c'est non seulement sale mais illégal et Asclépios fut foudroyé. Apollon l'a mal pris et est allé faire une descente dans les forges d'Héphaïstos, où il cribla de flèches tous les Cyclopes qui étaient à portée, lesquels durent cesser la production de foudre pour un moment. Mal lui en prit. Il fut puni à son tour et condamné à servir sur terre un simple mortel, comme bouvier. Il s'en est bien sorti, on s'en doute, car Apollon est aussi un bon gardien de troupeaux : le roi qui l'avait accueilli se vit accorder le droit d'une deuxième chance en cas de décès, si quelqu'un l'aimait assez pour mourir à sa place. Ce que fit son épouse. Une bien belle histoire... mais on s'égare.

Comme aux fléchettes...

Asclépios avait certes enfreint la loi divine, il n'en était pas moins digne du prix Nobel de l'extraordinaire. Elu meilleur guérisseur de tous les temps, il devint dieu à son tour. Depuis, dans ses temples, les pèlerins malades vinrent se laisser aller à l'incubation : dans un sommeil sacré, le dieu au serpent devait leur apparaître pour les guérir. La méthode a connu un grand succès. Or, n'est-on pas là dans un mode de guérison "irrationnel" pourtant motivé par la puissance d'Apollon? Le voilà donc notre Apollon "chamanique" : musicien, prophète et medecin man, dieu de transes prophétiques et d'incubations guérisseuses, de métamorphoses, de mort, qui dicte les lois religieuses et assure la communication entre le naturel et le surnaturel, il est, je pense, juste de voir en lui un véritable magicien.

Lykos... le dieu-loup, ennemi ou ami?

Ajoutez à cela son rôle certain de purificateur puisqu'à Athènes, lors de ses fêtes, on chasse les boucs-émissaires, protecteur puisqu'il défend le seuil des maisons, les routes, qu'il tient sous sa coupe certains "nuisibles" de haut vol (Apollon Smintheus est le dieu des rats qui ruinent les réserves de grains; Apollon Lykios est le dieu des loups qui dévorent le bétail), initiateur des jeunes gens puisqu'on lui sacrifie les cheveux des éphèbes pour marquer le passage à l'âge adulte, comme les jeunes filles offrent à Artémis leurs jouets d'enfants lorsqu'elles se marient...

Smintheus... maudit grignotin, véhicule à maladies,
cobaye des médecins ou mignon compagnon?


Apollon est une puissance incontournable, fortement présente dans le monde et la conscience humaine... Dieu solaire, on a trop vite à mon goût considéré qu'il était l'image de la perfection et de toutes les idéologies puritanisantes. L'empereur Auguste, en le présentant comme dieu de l'âge d'or qu'il prétendait réinstaurer, a sans doute quelque chose à voir là dedans. Mais Apollon reste à mes yeux ce dieu violent, jaloux, passionnément amoureux, hautain et en même temps bienveillant, protecteur et animalement humain. Un dieu magicien à double visage, à double tranchant : il dit ce qui est, ce qui fut et ce qui sera, il envoie le mal et la guérison, la lumière ou les ténèbres. Mieux vaut être sous sa protection que contre lui, moi j'vous l'dis...

lundi 24 mai 2010

Rebooteux

Enquêtes extraordinaires. Guérisseurs, magnétiseurs, barreurs de feu...

A voir. Merci à Noko de l'avoir signalé!

Pour ceux qui arrivent trop tard, il y a au choix :

- jeter un sort à la chaîne via M6 Replay (ne plantez pas les clous dans l'ordi, ça sert à rien, plantez les dans une poupée en forme de M6.)

- allez jeter un oeil au site suivant, pour soulager votre curiosité quelques temps avant que vous ne vous décidiez à taper "guérisseurs" dans Google-votre-ami (ce que je ne saurais trop vous conseiller, y a des choses intéressantes et d'autres plutôt à ressortir en levant les yeux au ciel) :
Institut de Recherche sur les Expériences Extraordinaires.

Et encore merci à Noko, parce que décidément, c'est une très bonne indic'.

jeudi 6 mai 2010

Bande d'humains!

Alors comme ça des gens pleurent parce que l'être humain est c'qu'il n'est pas? Comme ça des humains regrettent que les leurs pillent une planète qui n'existent pas? Ils sont au bord du suicide parce qu'ils ne sont pas des schtroumpfs démesurés connectables en usb sur des arbres à néons?
Comme ça, ils ont été touchés au coeur par les (més)aventures de Pandora et ont été si profondément absorbés par une 3D aussi commerciale que dénuée d'originalité scénaristique? Et tout le monde avait oublié Pocahontas?

"Et pourquoi que j'ai pas la 3D moi??"

Et pire... tout le monde reste insensible face à Agora, face à la réalité historique de la destruction de la Bibliothèque d'Alexandrie, la montée de l'intolérance, le fanatisme religieux, l'obscurantisme et j'en passe! Non, pour être dégoûté de la race humaine, il y a mieux que la réalité, il y a l'imaginaire. Il ne sert à rien de chercher à toucher les gens par ce qui fut, ce qui est et ce qui continue, il faut une planète lointaine et sous électrodes, avec des indigènes cyanosés, qui n'existe que dans l'oeuvre d'un réalisateur aussi capitalisé que les méchants humains de son film pour que les gens prennent conscience de la dangerosité du mode de vie et de pensée propre à leurs congénères.

Valait-il le coup qu'elle meurt?

Comme ça, il est sans doute plus facile de se dédouaner et de critiquer ses semblables. Comprenez bien : "je suis humain malgré moi, le prophète Cameron m'a révélé qu'au fond je suis un Na'vi, que si j'pouvais, je me brancherais le câble capillaire sur www.grandmerefeuillage.pascom, et que j'vous bouterais hors de ma planète à coup de lézard volant. Au fond, je suis prisonnier dans mon enveloppe charnelle anthropique. J'ai encore mes jambes qui gigotent, pas comme le héros du film, mais je suis encore plus démuni que lui, je suis pas dans la réalité qu'il me faudrait. Si seulement je pouvais faire trois mètres de haut, me reproduire par la tresse et manger des noisettes à l'ozone, je saurais quoi faire. Mais là, que voulez-vous, je suis humain, je suis au coeur des choses, j'ai entre les mains tous les éléments pour que la planète Terre ne soit pas vampirisée façon Pandora, j'ai des jambes pour aller mettre mes détritus au tri sélectif, j'ai des ports usb qui me connectent à internet où je peux apprendre des choses sur le monde, sur comment manger sainement, comment vont les ours polaires, et j'ai des yeux pour voir la lune. Ce monde est trop pourri, et j'en suis. J'préfère un monde qui n'existe pas, que j'peux plaindre sans rien pouvoir y faire, plutôt qu'admettre le monde merveilleux dans lequel j'existe, et le plaindre en essayant de changer les choses!"

Ah ouais, moi Avatar ça me permet bien de me dégoûter de la race humaine. Et en particulier de cette formidable capacité d'hypocrisie qui me surprend encore et toujours. Eh oh bande d'humains! Savez-vous que Pandora peut crever, tout ça n'est qu'illusoire? Savez-vous qu'il existe une planète fabuleuse où tu peux réellement être intime avec un arbre simplement si tu prends le temps de t'assoir dessous, une planète où tu peux communiquer avec l'animal si tu prends la peine de te rappeler qui tu es vraiment? Savez-vous que ce monde dans lequel nous vivons est merveilleux malgré tout et que vous avez les moyens de le sauver, de participer à sa vie? Bordel, Avatar n'est qu'une histoire parmi d'autres pour vous rappeler tout ça! Et encore, ça ne mange pas de pain, c'est rentable en soit ce film, ça vous chamboule des gens, et leur porte-monnaie, mais rien à carrer des tribus d'Indiens dégommées de leurs racines pour cause d'exploitation minière!

How to make a new world...
La tribu des schtroumpfs à lunettes a le blues. Faisez gaffe, ils ont une pizza!

Hypocrisie et lâcheté humaine. Le fan d'Avatar est de la pire espèce. Et j'suis de bonne humeur - bien qu'en ce moment, je ne puisse aller aux toilettes à moins qu'il ne soit profitable de savoir le plombier prendre une douche peu ragoûtante à la cave... Ils font comment les Na'vi? Ils urinent en téléchargement haut débit?

Le Na'vi urine bleu. Comme la police.

Autre interprétation possible de la bêtise humaine : le blog de l'Odieux connard... déligoûteux.