jeudi 31 décembre 2009

En veoux tu, en voilà!

Le mot du Nouvel An c'est ça : voeux.

Moi qui n'ait jamais vraiment ressenti le passage d'une année à l'autre et qui fuit l'instant terrible des douze coups de minuit, quitte à en perdre ma sandale de vair fourrée, cette soudaineté de la précision où soit on vous souhaite tout le meilleur comme une flopée de cotillons ou bien le pire comme un Nostradamus du calendrier civil... moi qui fuit cela parce que justement le calendrier civil n'a jamais rien comporté pour moi d'émotif et de particulièrement magique, je suis un peu intrigué de voir et d'entendre partout l'expression des voeux.

Attention! Bécotage - 2 min.

Petite étude du mot du jour (et de l'an par extension).

Qu'est-ce qu'un "voeu"? Quid in latini? Votum est un terme qui désigne le procédé rituel par lequel on consacre un objet matériel, voire abstrait si vous êtes doué, selon le principe du don, en échange d'un contre-don de la divinité. Ce geste appuie souvent une prière à laquelle on sacrifie parce que le dieu y a répondu et qu'il mérite qu'on remplisse à notre tour notre part du contrat. Le voeu, c'est donc une prière comportant une promesse d'offrande. D'où l'expression "vouer qlq ch. à qlq'un". En magie comme en religion (mais où est la différence?), vouer un être à une divinité consiste à faire agir cette divinité sur cet être, et se dévouer soi-même entraîne un lien fort entre soi et la puissance invoquée.
Le voeu n'exige pas forcément un souhait sinon celui d'établir un tel lien mystique. Mais dans la prière votive, réflexe païen bien connu de l'Antiquité, le voeu répond souvent à un souhait satisfait, et le voeu est proprement accompli. La notion de souhait, elle, renvoie à un certain degré d'intention, élément important du micmac magique (ou religieux, mais vous finirez bien par comprendre que dans le rite, c'est du pareil au même). Cette intention s'apparente à la volonté, qu'elle soit contraignante (imposée à la puissance invoquée) ou juste "souhaitée", ce qui laisse une bonne dose de libre action aux forces de la nature. Ainsi, voeu ressemble à voult, la poupée d'envoûtement en ancien françois, envoûtement qui procède par la dévolution d'un individu à la volonté (contraignante) d'un autre. Le lexique ici présent est celui de la volonté, mais ne peut-on pas y voir une dérive des procédés de votum antiques qui vouaient une chose à une autre?

Tout ça pour en venir à l'idée que, théoriquement, lorsqu'on vous souhaite une bonne année, on voue votre personne à des forces surnaturelles bénéfiques : les traditionnels (ah, la tradition!) voeux de fin d'année (ou plutôt de début) sont généralement des voeux de prospérité, de santé, d'amour, de paix et de promotion sur le futur beaujolais nouveau, parce que tout ce qui est nouveau comporte une part de risque que l'on tenterait selon un réflexe païen de contrecarrer par les voeux aux divinités. Si on ne vous souhaite pas tout ça c'est qu'on est un vrai salaud. Mais, pourquoi reprendre cette tradition de voeux, quand on voit à quel point elle a perdu son sens originel? Aujourd'hui, quand votre oncle Billius vous souhaite santé, prospérité et chance aux jeux, il le fait parce que c'est comme ça et qu'il a une culture inconsciente mais collective (salut Jung) du voeu aux génies de la fortune, de la santé et de la chance (la déesse Fortuna/Tychè a eu sa place au premier rang des textes officiels pendant plusieurs siècles). Mais l'idée selon laquelle le voeu est un contrat qui implique que l'on consacre quelque chose ou quelqu'un à ces puissances allégoriques lui passe à dix kilomètres au-dessus de la tête. Pourtant le principe du don, de l'échange, est celui qui est mis en valeur encore, de la même manière inconsciente et collective, le jour de Noël et dans le rite des étrennes de début d'année!

Déjà, sachez que si je vous souhaite "bonne année!" ce sera pure politesse et que si je vous envoie mes voeux, c'est que quelque chose de louche se passe. Mais pas d'envoûtement, non, c'est pas classe ça. Ce sont des voeux de prospérité, santé et fraises tagada, et je vous vouerais bien volontiers à Fortuna, voire à Saturne.

Oui, parce que voilà, c'est un peu le moment des Saturnales, quoiqu'il s'agisse d'une fête plutôt enterrée sous Noël et le carnaval que sous celle de l'An neuf. Ce sont les fêtes de Saturne, le dieu roi de l'Âge d'or que nous n'avons jamais connu mais qui nous fait envie. On l'honore par l'inversion carnavalesque, celle qui fait des esclaves les maîtres et des maîtres les esclaves; on s'échange des étrennes, comme un tour de passe-passe et on ouvre une parenthèse dans le tissu serré des codes moraux, s'autorisant la licence d'imaginer l'âge d'or sans contraintes avant de reprendre le rythme régulier d'une vie civile et ordonnée.

Que Saturne vous apporte la santé, la prospérité et une vie sociale si vous n'en avez pas une, en échange de quoi je lui voue cet article.

Oh, et bonne année.

mardi 29 décembre 2009

B comme...

Bijoux, bisou, beau...

Balivernes! Non, monsieur, des beaux bijoux, vraiment. Breloques! Oui, mais païennes, les breloques alors. Babioles! Euh... Boute-en-train, bonbon, bagatelle, bague et boniments?

Bijoux!

Non mais au cas où vous auriez pas remarqué, les ateliers de créations païennes poussent comme des champignons sur la toile. Et les créations de bijoux occupent sans doute le premier plan. Des champignons, vous dis-je! C'est comme si des petits lutins s'affairaient depuis quelques temps à faire naître chez un maximum de gens l'envie de s'exprimer sous forme d'ornement, et de proposer cette expression à d'autres, congénères, consoeurs, confrères, & co.

Souvenez-vous, il y a un peu plus d'un an... mon amie la Dame du Lierre (oui, c'est moi qui l'appelle comme ça mais c'est de sa faute) ouvrait sa boutique sous le lierre. Eh ben regardez-y Sous le Lierre: elle y est toujours! Dites-moi que vous êtes allés voir... C'est de la belle caillasse, de la pierre magicalement transmuée (ouais, je sais, magicalement c'est pas dans le dico, mais néologisme si). Et il y a du mérite, de la passion derrière tout ça.

Bon, voilà pour le rafraichissement de mémoire. Maintenant, roulement de tambours...
BBBrrrrrBBBBBrrrrrrBBBBBrrrrr-BLAM!


Une nouvelle boutique, une autre amie, une autre créativité, un même talent. Cliquez moi sur ce petit lien, là (juste au-dessus, celui qu'est en couleur!). C'est païen, comme son nom l'indique. C'est des bijoux, j'vous assure. Et ça se regarde, ça se sent, ça s'effleure, ça s'achète, ça se porte, ça parle. Ca parle créativité, originalité, personnalité.

Bon, soyez indulgents, le site démarre, il commence. La maîtresse de maison vous distillera ses trésors avec le temps, comme une pluie de perles dans l'océan (soyez aussi indulgents envers mes métaphores, merci). Depuis le temps qu'elle me fait mariner avec son projet top-secret-défonce, je ne peux plus résister au moment de le rendre public!

J'vais peut-être m'y mettre aussi au bijou païen... ou trouver un concept de boutique païenne sur le net... Imaginons. Pourquoi pas un sex shop païen? Me vois bien vendre des gods de Beltane ou des tenues de petites fées lubriques... Ben quoi? ils ouvrent bien des sex shops pour chiens dans Paris!!! Ou alors, j'm'en tiens aux trois B : Blog, Balivernes, Bière Brune (ça fait trois quand même).

lundi 28 décembre 2009

Attention, spoiler! Attention, humain!

J'ai hésité un petit moment avant de poster ce qui suit, à savoir si je l'épingle côté perso ou si je l'englue là où vous posez les yeux (oui, parce qu'au cas où vous l'auriez pas remarqué, ce blog est mon blog "public", genre celui où je parle pas complètement de moi mais plus d'autres choses). Et je sais toujours pas bien si ça mérite sa place ici...

En bref.

J'ai vu Avatar.

Avec la belle aux senteurs de lys couverts par la rosée du matin que je tenais à mon bras, on savait que ce film devait se regarder au cinéma. Deux critères pour ça : pour être visible dignement au ciné, un film se doit ou bien d'être très profond textuellement et émouvant aux larmes ou au rire, ou bien d'être prodigieux visuellement. Quand c'est les deux, c'est un bon film. L'équation n'est pas bien compliquée.

On savait qu'Avatar était de la deuxième catégorie : prodigieux visuellement. Et il l'est. C'est du Cameron, mais ça s'arrête pas là. C'est beau comme un coulis de myrtilles sur une glace au caramel. C'est grand comme une partie de ping pong entre Titans. Côté effets visuels, j'veux dire. Des arbres qui font de la lumière! Nan mais sans blague, on y aurait pas pensé, même à Noël. Pour la recherche des modèles, ils ont dû prendre un manuel d'enfant sur la préhistoire et ils ont élargi les proportions, façon guimauve élastique, ils ont rajouté des pattes, des yeux, des dents, et ils ont renversé leurs pots de peinture dessus. Ca donne du beau. OK, jusque là les mecs, z'avez bien joué. Particulièrement pour le côté Final Fantasy de l'ensemble (les montagnes volantes, ça leur vient d'où cette idée?).

Maintenant, le scénar. Ben toute l'énergie (intellectuelle) a été dépensée dans l'effet visuel et la réalisation. Mais du côté de l'historiette, on s'complique pas. On reprend l'humain, on le retourne comme un gant pour mettre tous ses travers en avant, et on l'envoie coloniser une autre planète. Remake de l'Occidental en Afrique, XIXe s., mais au futur sur un satellite du Jupiter d'une autre galaxie. John Smith est un marine handicapée qui se retrouve travesti en indigène à peau bleue (on a déjà fait le tour des autres couleurs sur Terre et Mars) pour espionner la tribu que les méchants colons veulent chasser pour s'approprier les richesses de leur sous-sol, vu que sur Terre on a déjà tout foutu en l'air. Mais là, le héros tombe dans les bras de Pocahontas et devient peu à peu un parfait Tarzan converti au culte de la déesse-nature et de ses arbres éclairés. Tout est dit, sauf la fin, mais j'vous en laisse le plaisir de la (re)découverte. Je ne donnerai qu'un indice : Reversed Independance Day.

A partir de là, la déontologie m'invite à vous mettre en garde : attention, spoiler!

Y a du païen, y a du primitif et sauvage, y a du nature versus industry, on s'y reconnaît. Les mauvais côtés de l'humain nous sautent de nouveau à la gorge et ce pendant trois heures. On sait que si l'homme colonisait une autre planète, il agirait comme ça. On revoit l'Irminsul dans la chute de l'Arbre-Maison, on voit l'East India Company dans la Compagnie assoiffée de capitaux et de ressources. On voit des militaires en kaki qu'on dirait des GI en Irak (ah bah ouais) et des scientifiques qu'on dirait presque Don Quichotte combiné avec Rousseau, mais sont touchants. On a envie de renier notre nature humaine pour sauter sur un dragon et pilonner de flèches les envahisseurs. Mais le pire, c'est quand le type en chemise qui gère l'exploitation pour le compte des actionnaires de la Compagnie se met à éclater de rire alors que la scientifique éclairée lui explique qu'il peut pas s'en prendre aux arbres et aux populations parce que toute la biologie de cette planète est en fait un réseau vivant qui ressent et réagit (cf Théorie Gaïa) ; là, le voisin de siège sur le plan matériel de la salle de ciné se met à rire aussi, et ce con a exactement le même rire. A ce moment, tu as non seulement envie d'exploser la tête de l'acteur (son personnage, 'fin vous m'comprenez) à coup de projecteur holographique, mais tu as simultanément le désir furieux et express d'envoyer valser le co-spectateur contre l'écran en espérant que celui-ci ne soit pas de toile mais de plexiglas. Et quand la salle, suite à la projection (du film, pas du spectateur), se met à applaudir, cette envie prend malgré toi de l'ampleur. Tu sais que tous applaudissent à l'effet visuel du film et peut-être, tu l'espères, au message qu'il suppose véhiculer, mais tu sais aussi qu'une fois franchies les portes du cinéma l'effet visuel laissera une empreinte que n'aura pas le message. Et tu repenses au type qui riait, et tu repenses à tous ces être humains qui ne ressentent rien pour leur propre planète au point qu'on éprouve le besoin de les impressionner avec un autre monde imaginé pour espérer leur faire comprendre leurs erreurs ici et maintenant. Et tu sais que c'est inutile, c'est brasser du vent. Comme dans le film, l'humain est au final coupé de la nature, rares sont ceux qui sont capables d'une telle connexion.

Mais que croire? Pardon, que faire? Se réfugier derrière son avatar?

Je suis pas mort

... et je poste encore!

Saviez-vous qu'au pays de Cuchulain, j'ai nommé l'Irlande, le mariage païen est maintenant officiellement reconnu? Vui vui, ladys and gentlemen, c'est du scoop officiel, en Irlande, le paganisme est une religion aux yeux de l'Etat, et une religion qu'il accepte. La PFI (Fédération Païenne Internationale), section Irlandaise, est également reconnue comme l'interlocuteur privilégié, le représentant du paganisme dans le pays. C'est-y pas impressionnant?