lundi 6 octobre 2008

Phrygiaca


Voici quelques notions sur la Phrygie et ce qu'est un phrygien. Il arrivera sans doute que j'y fasse référence lorsque je divaguerai sur l'histoire des religions. Et pour cause! Un an s'ouvre que je consacrerai à étudier les religions de cette région.

[OK, la carte est nulle vue comme ça, mais faites pas ch... le monde, c'est pas facile de trouver une carte de la Phrygie potable quand on n'a dormi que trois heures dans la nuit et qu'on voulait surtout mettre une image de stèle ou de divinité et qu'on a pas trouvé, voilà!... J'éditerai plus tard]


La Phrygie est une vaste région au milieu de l'Anatolie. C'est une terre de contrastes, dans tous les domaines. La géographie alterne plaines fertiles et montagnes rudes, cités hellénisées, puis romanisées, et campagnes où de vieilles traditions ont longtemps subsisté, hivers rigoureux et étés torrides... les peuples les plus variés s'y sont rencontrés : hittites, phrygiens, perses, galates
(des celtes, dont des cousins de nos Tolosates de Toulouse!), grecs, romains, mais aussi des juifs, installés là par des rois grecs... C'est tout de même une région centrale, où passaient de grands axes de communication entre nord et sud, est et ouest. Rien d'étonnant à ce que le contraste s'étende à la sphère religieuse.




La Phrygie est la patrie de divinités célèbres, comme Cybèle et Attis, certaines portant les traces de très vieux fonds religieux, comme Sabazios, sorte de dieu de l'Orage anatolien comme le Teshub des Hittites. Cybèle est l'archétype de la Grande Déesse Mère, la Mère des Dieux (Mètèr tôn Théôn, en grec), vénérée plus tard dans tout l'Empire romain. Attis est un dieu mort et ressucité, dont on fêtait (à Rome en tous cas) la mort et la résurrection à l'équinoxe de printemps, comme plus tard la religion chrétienne fêtera Pâques. Si il y a une relation à faire, je vous laisse vous en charger...


Autre dieu local très important mais peu connu aujourd'hui : Mên. C'est le dieu-lune (oui, la lune est masculine parfois!), dont le nom a donné en grec celui du mois... Et on le retrouve sans doute dans le français, mais après tout, nous sommes indo-européens et les Phrygiens l'étaient aussi!




Les Perses ont installé quelques cultes dans le secteur, comme celui d'Anaitis, une autre déesse-mère, assimilée à Artémis en grec. Oui, parce que les grecs sont venus par là après Alex le Grand, et ont laissé leur marque. Les dieux phrygiens partaient s'installer dans leur panthéon (j'ai eu l'occasion d'étudier le cas de Sabazios) et en même temps, en Phrygie, ils prenaient une forme grecque, sans pour autant se détacher de leurs racines locales. On trouve ainsi une foule de Zeus, par exemple.




Les colons juifs installés en Phrygie depuis Antiochos III, ont aussi laissé une foule de trace de leur culte. On connaît leur goût un peu particulier pour le culte des anges. Or, les païens phrygiens vouaient aussi un culte aux angeloi, à l'époque romaine. Il s'agit sans doute de ces deux divinités (ou une, parfois) qu'ils appellent Hosios et Dikaios (le Saint et le Juste), représentés portant l'un une épée et l'autre une balance. Pendant l'époque impérial, la tendance d'un monothéisme se dessine dans le paganisme, autour du Théos Hypsistos, le Dieu "Très-Haut". Certains historiens veulent y voir l'influence du judaïsme, mais je ne suis pas convaincu (puisqu'on me demande mon avis maintenant, gniark). Et je ne suis pas le seul... comme quoi, il y du débat dans le domaine! Mais pas encore jusqu'au sang, enfin, bon...




Autre caractéristique de la Phrygie. Sa christianisation. Elle a eu lieu assez tôt, avec ce cher Paul de Tarse auquel Benoît XVI s'est comparé à Paris... Mais surtout, la Phrygie a donné naissance à une hérésie célèbre du christianisme. Elle a été fondée au IIème siècle par un ancien prêtre de Cybèle et se démarque par son caractère prophétique, voire extatique, où des femmes sont mises en avant. Comparé aux cultes de la Mère des Dieux et de Dionysos, on en fait facilement un christianisme puisé à la source directe du paganisme. Là aussi je dis halte! prouvez-moi d'abord que les culte extatiques de la Mère et de Dionysos étaient si présents en Phrygie, parce qu'ils se font discrets ici, alors qu'ils se sont répandus partout ailleurs!




En fait, il y a beaucoup d'idées reçues, chez les historiens, et mes recherches ont à voir avec ça.




Petite précision... Moi, pauvre et malheureux étudiant en master 2, j'étudie précisément les pratiques religieux en Phrygie. Donc, en fait, je dépouille toutes les inscriptions qu'on a trouvées là-bas, ex-votos, stèles de "confessions" et autres joyeuseries sur pierre, pour essayer de tirer les choses au clair. Comment les Phrygiens de la campagne profonde d'Anatolie antique pratiquaient -t-ils leur(s) religion(s). Sachant que dans ce coin-là, comme dans pas mal d'autres en fait, les religions ne sont pas des religions et se mélangent comme des pigments sur la palette d'un pictator...


Mais certains cinglés prennent leur pied dans ce genre de situations...






(Si toi aussi tu es épigraphoreligiopathe, ne t'inquiète pas. C'est incurable)

1 commentaire:

bah moi quelle question! a dit…

Bien bien bien, je vais me coucher moins bête ce soir !

Au fait, moi je sais où c'est, mais tu devrais préciser dans quel pays actuel se situe l'Anatolie, car je ne suis pas sûre que tout le monde soit au point sur la géographie de la Turquie.

Sympa que tu ais eu le souci de rendre tes recherches compréhensibles pour le plus grand nombre. Mais malgré tout, il faut tout de même être un minimum au courant de l'histoire antique. Je ne suis pas sûre que ma frangine comprendrais.... mais l'intention est louable!